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La carte de l'Afrique comme vous ne l'avez jamais vue !

L'Afrique, c'est grand. Avec 6 % de la surface terrestre et 20 % de la surface des terres émergées, le continent a une superficie de 30.415.873 km2. Dit comme ça le chiffre reste peu parlant. Des graphistes se sont efforcés de rendre sa surface plus parlante pour montrer sa taille. Les résultats sont impressionnants. Ils donnent aussi à réfléchir sur la perception qu'on a des cartes.
Article rédigé par Pierre Magnan
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Un puzzle de pays pour montrer la "vraie" surface de l'Afrique. (Kai Krause)

Difficile de se rendre compte de la taille d'un pays, et plus encore d'un continent. La carte que l'on montre ici est surprenante. Elle montre une Afrique façon puzzle. Mais les petits morceaux sont faits avec des pays, les plus grands (Russie exceptée) de la planète bleue. 



Cette carte réalisée par le graphiste allemand Kai Krause a pour but de montrer la taille du continent. Le résultat est parlant. Le même auteur a décliné son idée en intégrant les continents entiers dans la carte de l'Afrique.

Vues de la carte de l'Afrique avec pays ou continent. Intégrée dans l'Afrique, l'Europe fait petite. (carte tirée du site de Kai Krause) (Kai Krause)

D'autres cartes du même ordre circulent sur Internet. Avec d'autres dispositions des pays.
 


Mercator contre Peters
Si ces cartes sont utiles pour mieux appréhender la surface de l'Afrique, c'est que la cartographie n'est pas une science exacte. Impossible de respecter les proportions exactes d'une sphère lorsqu'on la représente sur une surface plane. D'où les travaux consistant à trouver la meilleure formule, la meilleure «projection».

Celle de Mercator (géographe flamand, qui publia en 1538 la carte reprenant la projection qui porte son nom) habituellement utilisée pour représenter le globe terrestre a tendance à minimiser la surface de l'Afrique par rapport à celle d'autres pays. Le fait qu'elle ait été conçue au 16e siècle, en Europe, notamment pour aider les navigateurs venant de ce continent, n'y est peut être pas pour rien. 

La projection Mercator est la plus utilisée. Elle a cependant le défaut de ne pas respecter la surface réelle de certaines zones: elle rend plus importantes les surface les plus éloignées de l'équateur. (Wikipedia commons)


Cette déformation est particulièrement sensible si on compare l'Afrique et le Groenland:   «l'Afrique apparait de la même taille que le Groenland. Or l'Afrique s'étend sur 30 millions de kilomètres carrées, soit 14 fois les 2,17 millions de kilomètre carrés que couvre en réalité le Groenland», notait La Tribune dans un article sur la cartographie de l'Afrique. Autre exemple: La France semble avoir la même dimension que le Mali. Pourtant, le Mali a une superficie double de celle de la France. 



Une autre projection existe. Contrairement à celle de Mercator, la projection dite de Peters respecte la proportion entre les surfaces sur la carte et les surfaces réelles. Cartographe allemand, Arno Peters, reprend  en 1973  la projection de Gall (écossais, 1855)  pour soutenir le mouvement tiers-mondiste des années 1960-70.  C'est une démarche clairement politique.

la projection Peters. Contrairement à la projection Mercator, elle n'agrandit pas les régions éloignées de l'équateur. (Wikimedia Commons)

Ainsi, les rapports entre les surfaces des pays sur la carte correspondent au rapport de leurs surfaces réelles (l’Afrique apparaît bien 14 à 15 fois plus grande que le Groenland). Mais cette carte ne garde pas les bonnes formes des continents au contraire de la carte de Mercator.  «Cette carte n’est finalement pas plus juste, au sens de l’analyse cartographique, que la projection Mercator. Elle a l’inconvénient d’écraser les distances et les directions, de même que les surfaces perçues des pays en direction des pôles.  En somme le monde n’a pas cette forme là, il ne faut donc retenir que son message principal et donc la comparaison des surfaces réelles des continents», note le blog Derrière les cartes.

Les mêmes réflexions peuvent aussi porter sur le fait que les cartes mettent toujours le Nord en haut de la carte. Des habitants de l'hémisphère sud proposent des cartes inversées, avec le Sud en haut (des cartes arabes le faisaient déjà au XIIe siècle). Un phénomène qui n'est pas nouveau puisqu'au moyen-âge on présentait l'Est en haut des cartes (d'où l'origine du mot s'«orienter». A cette époque très catholique, Jérusalem, situé à l'Est de l'Europe était au centre des pensées.

Comme quoi même la cartographie peut être politique.
 


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