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Ile Maurice : arrivé au pouvoir sans être élu, le Premier ministre Pravind Jugnauth va tenter de trouver une légitimité dans les urnes

Quelque 941 000 électeurs inscrits sont attendus dans les bureaux de vote pour les onzièmes élections législatives sur l'île Maurice, une démocratie stable de l'océan Indien, depuis son indépendance du Royaume-Uni en 1968.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Le Premier ministre mauricien sortant Pravind Jugnauth en meeting le 3 novembre 2019 à Vacoas, l'une des plus grandes villes de l'île Maurice. (BEEKASH ROOPUN / L'EXPRESS MAURICE)

L'enjeu principal du scrutin législatif à Maurice, qui se déroule le 7 novembre 2019, est la reconduction ou non à la tête du gouvernement de Pravind Jugnauth, 57 ans, qui avait succédé à son père Anerood Jugnauth en 2017 sans passer par des élections.

Sir Anerood, un cacique de la vie politique mauricienne (Premier ministre de 1982 à 1995, de 2000 à 2003, et président de la République de 2003 à 2012), avait décidé de passer la main deux ans avant la fin de son mandat, après avoir été élu en 2014. Cette succession avait donné lieu à des débats passionnés sur l'archipel. L'opposition ne s'était pas privée d'en dénoncer le caractère monarchique et avait réclamé avec virulence des élections anticipées, sans les obtenir. A l'occasion de l'actuelle campagne, l'angle d'attaque des opposants n'a pas changé.

Il faut libérer le pays de l'emprise du clan Jugnauth

Navin Ramgoolam de l'Alliance nationale

lors d'un meeting électoral

Pour la première fois en 43 ans, le scrutin législatif à Maurice opposera trois blocs politiques distincts et non plus deux. Ce sont l'Alliance nationale de Navin Ramgoolam (centre gauche, allié avec le Parti mauricien social-démocrate, le PMSD), l'Alliance Morisien (AM, centre droit) du chef de gouvernement sortant Pravind Jugnauth et, dernier à se présenter, le Mouvement militant mauricien (MMM) de Paul Bérenger, ancien Premier ministre (2003 et 2005) et ancien allié de Navin Ramgoolam.

"Barrer la route une fois pour toutes à la corruption"

A part l'intéressé, tous les candidats affirment vouloir en finir avec une vision dynastique du pouvoir. Ainsi, M. Bérenger a dénoncé le piège du "papa-piti" (de père en fils) et jugé que le bilan de M. Jugnauth était "parsemé de scandales de toutes sortes". Dans la même veine, l'ancien Premier ministre Navin Ramgoolam (1995-2000 et 2005-2014), lui-même fils de Premier ministre (1968-1982) et blanchi dans dix des onze procès intentés contre lui ces dernières années, a donné sa vision de l'avenir. "Le peuple mauricien aura la possibilité de barrer la route, une fois pour toutes, à la corruption, au népotisme, à la perversion de nos institutions et au détournement des fonds publics", a-t-il déclaré.

Plusieurs ministres ont été mis en cause dans des affaires récemment tandis que la présidente de la République Ameenah Gurib-Fakim, choisie par la coalition au pouvoir, a dû démissionner en mars 2018 pour son implication dans un scandale financier.

Le Premier ministre sortant fait fi de ces épisodes controversés en mettant en avant un bilan dominé par la modernisation des infrastructures publiques, avec la construction d'un métro léger dont le premier tronçon devrait commencer à fonctionner en décembre 2019. Il a également vanté ses mesures sociales : introduction d'un salaire minimum (environ 215 euros par mois), revalorisation de la pension vieillesse et réforme du droit du travail favorable aux employés.

A la poursuite d'une légitimité populaire

Pour Pravind Jugnauth, la situation est claire : "J'ai fait en deux ans et demi ce que le précédent gouvernement dirigé par Navin Ramgoolam n'avait pas fait entre 2005 et 2014", plaide-t-il, lui qui occupe aussi le poste de ministre des Finances. A ses yeux, seule importe la reconnaissance de ses concitoyens.

Les électeurs doivent choisir 62 députés, dont 60 dans l'île principale Maurice et deux à Rodrigues, petite île située quelque 600 km plus à l'Est. La Commission électorale nommera ensuite huit députés parmi les non-élus ayant obtenu les meilleurs scores, afin de rééquilibrer la répartition des sièges entre partis et communautés à l'Assemblée nationale. Selon la Constitution de 1968, l'île Maurice est officiellement divisée en quatre groupes ethniques : les hindous – majoritaires , les musulmans, les Chinois et la "population générale", composée essentiellement de métis dits créoles et de Blancs d'origine européenne.

L'un des pays les plus riches d'Afrique

Son 1,3 million d'habitants forme une mosaïque de peuples, de cultures et de langues reflétant l'histoire du peuplement de l'archipel, et coexiste pacifiquement.

L'île Maurice a connu une croissance de 3,7% en 2018 à la faveur du dynamisme des activités de construction et de services, en particulier le tourisme et le secteur bancaire, alors que la production de sucre a diminué, selon la Banque mondiale. S'étendant sur 2 040 km² seulement, le pays  fait partie des nations les plus riches d'Afrique, avec un PIB par habitant de 10 500 dollars. Placé au 13e rang du classement Doing Business, qui mesure les environnements les plus favorables aux affaires, il espère dans les prochaines années passer au statut de pays à revenu élevé.

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