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Ethiopie: les Oromos, bombe à retardement pour le pouvoir
Publié le 10/11/2018 09:30
Un tiers des 105 millions d'Ethiopiens peuple la région d'Oromia, la plus étendue des 9 entités administratives du pays. Les Oromos, majoritaires mais pauvres, ont toujours été maintenus loin du pouvoir et, devenus rebelles, ont été arrêtés et souvent tués par les dirigeants successifs. Face à une crise sans issue, c'est l'un des leurs qui devint Premier ministre en avril 2018. Eveillant l'espoir.
Un jeune Oromo lors d'un meeting du mouvement «Oromo first», le 23 octobre 2018 à Kemise, dans le nord-est de l'Ethiopie.
La folle énergie qui émane de la jeunesse a d'abord profité à Abiy Ahmed, bientôt 42 ans, nommé Premier ministre au printemps 2018 à la suite de la démission, en février, de son prédécesseur, Hailemariam Desalegn. Ce dernier s'était trouvé laminé par un vaste mouvement de manifestations antigouvernementales menées notamment par la communauté oromo. Aujourd'hui, l'impatience des Oromos face à ce qu'ils voient comme un manque de reconnaissance du nouveau pouvoir, a fait place à de la frustration et à un regain de violence contre d'autres ethnies. Sur ce terrain, la marge de manœuvre de M. Ahmed semble étroite alors que, par ailleurs, il se trouve couronné de succès, par exemple pour la paix retrouvée avec l'Erythrée. (TIKSA NEGERI / REUTERS)
Ce jeune professeur fait partie des plus engagés de son ethnie. Avec d'autres garçons de son âge, il se définit comme un «Queerro», mot intraduisible qui donne l'image d'un homme, jeune, célibataire que rien ne retient s'il y a un combat à mener. Les Queerros sont des meneurs. Certains sont membres de l'OLF (Front de libération oromo) lequel, depuis l'arrivée du nouveau Premier ministre Abiy Ahmed, est passé d'une action armée à une action pacifique (en théorie). (TIKSA NEGERI / REUTERS)
Coiffé d'une crinière de lion, ce jeune Oromo avance fièrement sur son cheval paré de rubans et de pompons aux couleurs de son ethnie. La tradition sert de socle solide à la jeunesse tumultueuse d'Oromia. (TIKSA NEGERI / REUTERS)
Les Oromos s'impatientent et se demandent si la justice sera un jour saisie pour leurs amis tués lors des grèves et manifestations réprimées dans le sang sous l'ère des anciens gouvernements dominés par l'ethnie des Tigréens. Trop d'anciens dirigeants sont encore, selon eux, aux commandes dans les coins reculés d'Oromia. (TIKSA NEGERI / REUTERS)
Comme dans le reste de l'Ethiopie, le travail de la terre occupe une grande place chez les Oromos, également producteurs de café. Mais la sécheresse et le surpâturage réduisent les rendements. L'outillage est quant à lui dépassé par les années. Peu d'agriculteurs produisent plus que ce qui est nécessaire à leur famille et sont maintenus dans la pauvreté. Ils attendent eux aussi du changement. (TIKSA NEGERI / REUTERS)
Partout dans la région se tiennent des meetings politiques où se retrouvent les Queerros, prêts à se faire entendre. Jawar Mohammed, 32 ans, est le leader de l'idéologie «Oromia first». De retour des Etats-Unis après dix ans d'exil, l'homme est vu comme un «héros» par les jeunes Oromos mais comme un danger par les autorités. Un maillage serré du territoire par ses militants lui permet de mobiliser ses troupes rapidement. L'Oromia s'étend du centre-ouest du pays vers une large bande à l'est et englobe la capitale, Addis-Abeba. (TIKSA NEGERI / REUTERS)
Alors que, pour la première fois, l'Ethiopie a une femme présidente, et que, au sein du Parlement, siège une moitié de députées, la lutte des Oromos pour plus de visibilité dans le pays passe en majorité par les hommes. (TIKSA NEGERI / REUTERS)
Loin de se présenter comme un va-t-en guerre et un jusqu'auboutiste, le chef d'«Oromia first» préfère décrire ses rassemblements comme une canalisation des revendications oromo. «Lorsque l'Etat brime une identité ethnique, il est normal qu'elle se défende», sous-entendu par la force, explique-t-il, mais aujourd'hui, précise-t-il, «mes Queerros sont disciplinés et resteront fidèles à la résistance non-violente». Le 23 octobre 2018, s'adressant aux milliers de jeunes venus l'écouter, il a lancé un tonitruant: «Obéissez à Abiy. Ne cédez pas à l'émotion et aidez les réformes à se faire». Ces mots suffiront-ils à rassurer le pouvoir à Addis-Abeba? (TIKSA NEGERI / REUTERS)
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