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Elections générales au Kenya : la société civile s’organise pour surveiller un scrutin à haut risque

Le pays a déjà été plusieurs fois meurtri par des violences post-électorales. 

Article rédigé par franceinfo Afrique avec AFP
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Supporters de Raila Odinga, vétéran de la politique kenyane et candidat à l'élection présidentielle du 9 août 2022. Il sera opposé au vice-président sortant William Ruto. Narok, le 30 juillet 2022. (LUIS TATO / AFP)

La tension monte au Kenya à l’approche des élections présidentielles, législatives et locales du 9 août 2022.  Un rendez-vous électoral qui inquiète à l'intérieur comme à l'extérieur du pays alors que les faux sondages et la propagande, qui joue sur le vote communautaire, envahissent les réseaux sociaux, Facebook et Tik Tok notamment. La société civile s'est organisée pour tenter d'éviter une nouvelle crise politique en veillant à la transparence du processus électoral.

Eviter les violences

Le Kenya et sa quarantaine d'ethnies a souffert à plusieurs reprises de violences post-électorales, notamment en 2007-2008 où plus de 1100 personnes sont décédées lors d'affrontements à caractère ethnique. Et tous les scrutins présidentiels depuis 2002 ont été contestés. Celui du 9 août, qui s'annonce serré selon les observateurs, opposera deux poids lourds de la scène politique : Raila Odinga, le leader de l'opposition kényane, et l'actuel vice-président William Ruto.

Une vingtaine d’organisations de la société civile se sont unies pour lancer un site internet destiné à collecter et à géolocaliser les éventuels incidents avant, pendant et après les élections. Objectif : mobiliser la population afin que les Kenyans soient présents dans le plus grand nombre des 46 000 bureaux de vote.

Mobiliser les citoyens 

Ensemble, elles ont lancé le site Uchaguzi.or.ke dont le but est d'"encourager les citoyens ordinaires à participer activement afin de garantir un résultat libre et équitable en partageant des données sur ce qui se passe autour d'eux", résume Angela Lungati, directrice d’Ushahidi, plate-forme de partage d'informations créée au Kenya en 2008. Les poches de tensions ou anomalies susceptibles de perturber le processus électoral peuvent être signalées via des SMS et des services téléphoniques gratuits ou sur les réseaux sociaux.

Une équipe vérifie notamment la véracité des faits évoqués grâce à des milliers de volontaires sur le terrain, aux côtés de dizaines d'observateurs internationaux. L’Union européenne a déployé 180 observateurs, mais l’expérience montre que ces observateurs internationaux, baladés d'un bureau à l'autre, n’ont que très rarement dénoncés des irrégularités. Ils ont encore moins contesté une élection, sans doute pour des raisons diplomatiques, malgré parfois des fraudes évidentes constatées par les journalistes et les ONG. C'est pourquoi la société civile kenyane a décidé de compter sur ses propres forces pour surveiller ces élections.

Crédibiliser l'élection 

"La responsabilité de tenir des élections pacifiques, crédibles et intègres" n'incombe pas à la seule la Commission électorale indépendante, "c'est aussi la responsabilité de la société civile", estime Felix Owuor, représentant de l'Institut de droit et de gouvernance pour l'Afrique (Elgia). Le scrutin du 9 août est "l'un des plus complexes de l'histoire du pays" depuis l'instauration du multipartisme en 1991 et "collectivement nous pouvons avoir une élection crédible", a-t-il ajouté.

Ces élections restent particulièrement scrutées par la communauté internationale, d'autant que le Kenya est l'un des rares pôles de croissance économique et de stabilité alors que plusieurs de ses grands voisins  − Ethiopie, Somalie et Soudan du Sud −  sont en crise. 

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