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Elections en RDC: Albert Yuma, patron partisan du président Kabila, en guerre contre l'Occident

Albert Yuma, qui dirige le groupe public national Géramines, est resté à l'unisson du président sortant Joseph Kabila. Il s'est engagé dans la campagne avant la présidentielle du 23 décembre 2018. En attaquant les "voyous" de l'Occident accusés de piller les richesses du pays.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Albert Yuma Mulimbi, président du géant minier congolais (RDC) Gécamines, à Paris en octobre 2015. (JACQUES DEMARTHON / AFP)

Le grand patron congolais, âgé de 63 ans et tiré à quatre épingles, est capable de tenir toute une conférence de presse pour dénoncer les "mensonges" des ONG occidentales et leurs enquêtes sur la corruption en République démocratique du Congo.

En pleine campagne avant les élections du 18 décembre, Albert Yuma proclame que ces ONG sont à la solde du milliardaire américain Georges Soros. Lequel est accusé de vouloir déstabiliser la RDC pour permettre aux Anglo-Saxons de faire, dit-il, main basse sur le cobalt congolais. "Mais bien sûr que j'y crois vraiment", assure-t-il de sa voix métallique dans un entretien avec l'AFP.

"Prédation des élites du pays"

L'homme d'affaires, qui dirige aussi la Fédération des entreprises congolaises (FEC), le syndicat patronal, n'est pas qu'un simple obligé du président Kabila. Ni un dignitaire politique. Ni un ennemi de l'Occident égaré dans les théories du complot. Dans la capitale minière Lubumbashi, il règne sur le siège flambant neuf de la Générale des carrières et des mines (Gécamines), le fleuron minier national 100% public qu'il tente de redresser. 

La Gécamines est "une société d’Etat héritée du colon belge et nationalisée en 1967, qui fut le socle de l’économie congolaise, puis une formidable 'caisse noire' des régimes successifs", rappelle Le Monde. "Au fil des dernières décennies, les bénéfices du groupe minier se sont effondrés, sans que cesse la prédation des élites du pays sur ce trésor qu’elles pensaient inépuisable". Pendant ce temps, les mineurs n'étaient pas toujours payés.

Attaques contre les Occidentaux

Albert Yuma Mulimbi est né en 1955 au Katanga, fief du chef de l'Etat et de ses proches. Cet état-civil passe pour un sésame qui mène aux responsabilités. "Ça fait sourire. Je suis dans les affaires depuis 36 ans. Le président Kabila est là depuis 17 ans", commente-t-il.

"Citizen Yuma" a fait carrière et fortune dans un groupe textile belge reconverti dans l'immobilier à Kinshasa, Texaf. Avec un associé belge, il "détient 5% du capital, représentant une fortune d'environ 8 millions d'euros", affirmait Jeune Afrique en 2015.

Usine de Gécamines à Lumubashi, dans la province du Katanga (RDC), connue pour ses minerais. Photo prise en 2011.  (PHIL MOORE / AFP)

Né avant l'indépendance, il a fait toutes ses études en Belgique, jusqu'à l'université catholique de Louvain. "Je suis un produit de l'éducation occidentale. C'est peut-être aussi ma force parce que je les connais très bien, quand ils mentent et qu'ils disent des bêtises", avance Albert Yuma.

"Ils", ce sont les ONG comme Global Witness et Centre Carter, qui affirment que 750 millions de dollars ont mystérieusement disparu des comptes de la Gécamines. Un groupe comparé par la première de ces deux organisations à "un distributeur automatique de billets" pour le régime. "C'est un comportement de voyou pour faire peur et nous n'avons pas peur", rétorque "Citizen Yuma".

Partenaires chinois

"Ils", ce sont aussi les partenaires étrangers de la Gécamines, avec qui le patron renégocie tous les contrats miniers dès lors qu'ils ne servent pas assez les intérêts congolais. "Nous avons commencé avec Glencore (groupe minier anglo-suisse, NDLR) parce que c'était le plus déséquilibré", avance-t-il. Une filiale de Glencore devrait verser 150 millions à la Gécamines pour poursuivre l'exploitation de la mine de Kamoto.

Volontiers dur envers l'Occident, le grand patron congolais est plus discret envers la Chine, un acteur économique majeur en RDC depuis la signature d'un grand accord "infrastructures contre matières premières" dans les années 2000. "Je crois que s'il y a un minimum d'infrastructures routières, c'est grâce à cet accord, qui a permis d'aider à la reconstruction économique de ce pays", avance Albert Yuma.

"Je n'ai aucune tendresse particulière envers les Chinois", assure-t-il. Il cite ainsi le cas d'une entreprise chinoise, Molybdenum, qui a racheté en 2016 le gisement géant de Tenke et Fungurume (TFM) pour 2,6 milliards de dollars à la firme américaine Freeport. "C'est un des prochains partenariats sur lesquels nous allons agir parce que nous sommes particulièrement mécontents de la façon dont (le partenaire chinois) est en train de gérer TFM", promet le patron de la Gécamines.

"Ne pas trop privilégier les étrangers"

Mais il vient d'annoncer un premier accord nouvelle génération avec une autre société chinoise de Hong Kong. Un accord présenté comme "gagnant-gagnant" pour les deux parties.

"Dès la première année de production, Gécamines sera payée en quantité physique de cuivre et de cobalt, dont nous aurons le contrôle commercial à 100%", se félicite Albert Yuma. "Il n'est plus question de signer des joint-ventures où l'on attend des hypothétiques dividendes".

"Il ne faut pas que l'on privilégie trop les étrangers par rapport aux nationaux", conclut le patron de Gécamines sous le regard approbateur d'un de ses proches collaborateurs. Lequel est un Français...

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