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Egypte: la «wilaya africaine» de Daech dans le Sinaï défie le président Sissi

En pleine débandade dans ses fiefs en Irak et en Syrie, le groupe Etat Islamique se rabat sur le continent africain. Après Syrte en Libye, la nébuleuse djihadiste a également élu domicile dans le Sinaï. Des images de combattants en activité dans le désert égyptien, publiées sur les réseaux sociaux, illustrent le mode d’implantation du groupe et confortent la thèse d’une wilaya de Daech en Afrique.
Article rédigé par Alain Chémali
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min
Funérailles d'un soldat égyptien tué dans une attaque de l'EI dans la péninsule du Sinaï, le 8 juillet 2017, dans la ville du «10 Ramadan», à 60 kilomètres au nord-est du Caire. (MAHMOUD BAKKAR/AFP)

Des combattants cagoulés à un check-point, distribuant un tract appelant «à la repentance des espions» (les Egyptiens coopérant avec les autorités), ou des djihadistes enregistrant et initiant des convertis, voilà ce que l’on peut voir sur des images publiées par un «veilleur-analyste», comme il se définit lui-même, sur les réseaux sociaux.

Le mode d'implantation des djihadistes dans le désert du Sinaï 
Journaliste spécialiste des questions islamistes sur France 24, Wassim Nasr a en effet posté sur son compte Twitter des captures d’écran incrustées Sinaï et datées du mois de Moharram 1439 du calendrier musulman, c'est-à-dire l’équivalent de septembre 2017 en calendrier grégorien.
 
Légendées «le travail des sections de sécurité dans la wilaya (région administrative) du Sinaï», elles montrent des membres du groupe Etat islamique en pleine action dans le désert égyptien. Une action non pas militaire, comme ils en mènent régulièrement dans la région, mais relevant plutôt de l’organisation et l’administration d’un territoire.


Elles viennent corroborer la manière dont certains analystes, cités par Jeune Afrique, qualifient désormais cette portion de territoire égyptien: «Une des principales wilayas (de l'EI) en dehors de l’Asie».
 
«Là, dans le sud du désert principalement, des cadres djihadistes palestiniens chassés de la bande de Gaza par un Hamas intraitable nouent des relations avec des terroristes égyptiens, mais aussi avec des jeunes désœuvrés, dans une région où le chômage frappe fort, et qui sont issus de tribus très conservatrices», écrit l’hebdomadaire, précisant citer un observateur égyptien.

Un groupe fluctuant de quelque 1500 hommes 
En l’absence de chiffres précis sur le nombre de partisans dont dispose l’EI dans la région, la publication évoque un groupe fluctuant d’environ 1500 hommes, sympathisants, relais ou militants.
 
Un mouvement insurrectionnel apparu en 2012 et emmené par le groupe Ansar Bayt al-Maqdis (les Partisans de Jérusalem) qui a fait allégeance à Daech, l’autre nom de l’EI, en novembre 2014.
 
Dirigé par un certain Abou Oussama al-Masri, un quadragénaire originaire de la région qui aurait séjourné en Syrie, le groupe avait pour vocation de lutter contre Israël au départ. Mais il s’est retourné contre les forces armées égyptiennes après la prise de pouvoir par le maréchal Abdel Fattah al-Sissi à l'été 2013.
 
Depuis, c’est une guerre meurtrière qui oppose le groupe islamiste, pourtant en déroute en Irak et en Syrie, au pouvoir de l’homme fort du Caire. Dernier épisode en date, l’attaque contre des forces de sécurité dans la ville de Bir al-Abed dans le nord de la péninsule du Sinaï.
 
Une voiture a explosé au passage de leur convoi sur la route reliant al-Qantara à al-Arich, chef-lieu de la région. Cinq véhicules de la police, dont quatre blindés, ont été détruits et incendiés. Les djihadistes ont ensuite ouvert le feu sur les forces égyptiennes.
 
Des centaines de soldats et policiers morts dans des affrontements avec Daech
L’EI a revendiqué l’opération via son site de propagande Amaq, annonçant la mort de huit soldats et la destruction de quatre véhicules, tandis que des sources sécuritaires et médicales faisaient état d’au moins 18 morts.
 
La veille, dix militants islamistes avaient été tués lors d’un raid des forces de sécurité à Ard al-Lewaa, un quartier populaire du gouvernorat de Giza à l’ouest du Caire. De source sécuritaire égyptienne, ces hommes appartenaient à la Province du Sinaï et se préparaient à commettre des actes terroristes contre les institutions de l’Etat.
 
Au cours de l’opération, les échanges de tirs ont duré plusieurs heures et cinq membres des forces de police ont été blessés.
 
Depuis la destitution du président Mohamed Morsi, issu des Frères Musulmans, le régime du président Sissi a intensifié la traque des militants islamistes dans le pays et des centaines de soldats et policiers ont trouvé la mort dans les affrontements avec les djihadistes.

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