Des Libyens en gilets jaunes à Tripoli pour dénoncer le "soutien" de Paris à Haftar
Quelques dizaines de manifestants, dont plusieurs portant des gilets jaunes, ont dénoncé le 16 avril à Tripoli ce qu'ils ont qualifié de "soutien" de la France au maréchal Haftar, dont les hommes mènent une offensive contre la capitale libyenne.
Les manifestants portaient les fameux gilets fluorescents, en référence au mouvement français des "gilets jaunes" en fronde contre la politique fiscale et sociale du président français Emmanuel Macron depuis fin 2018.
"La France doit cesser de soutenir le rebelle Haftar en Libye", "la France fournit des armes aux rebelles pour le pétrole", pouvait-on lire en français sur des pancartes brandies par les manifestants.
Rassemblés sur la place d'Alger au coeur de la capitale, les manifestants ont appelé à rompre les relations diplomatiques avec les pays qui "appuient l'agression", référence à l'offensive du maréchal Haftar.
Ils ont encore estimé que le soutien de ce pays à Haftar "peut être considéré comme une déclaration de guerre" à la Libye.
Offensive sur Tripoli
De violents combats opposent depuis le 4 avril 2019 dans la banlieue sud de Tripoli les forces du Gouvernement d'union nationale (GNA), reconnu par la communauté internationale, à l'Armée nationale libyenne (ANL) autoproclamée du maréchal Haftar, qui veut s'emparer de la capitale, siège du GNA.
Le 12 avril, lors d'une manifestation contre l'attaque de Haftar, des slogans hostiles au gouvernement français avaient déjà fusé. Considérée comme un des appuis du maréchal Khalifa Haftar, au même titre que l'Egypte ou les Emirats arabes unis, la France a cependant démenti avoir soutenu son offensive sur Tripoli.
"Plan caché"
Le 8 avril, une source diplomatique française avait indiqué que Paris n'avait aucun "plan caché" pour mettre au pouvoir Haftar, auquel elle "ne reconnaîtra aucune légitimité" s'il prend le contrôle de Tripoli par les armes.
Mais les pro-GNA accusent Paris de bloquer notamment des résolutions condamnant l'offensive au Conseil de sécurité de l'ONU ou à l'Union européenne. "Il y a des divergences dans la position européenne, en raison du différend entre la France et l'Italie (sur la Libye)", a déclaré le 15 le ministre des Affaires étrangères du GNA, Mohamad Tahar Siala, alors que Rome affiche clairement son soutien au GNA.
Paris est accusé par Tripoli de relayer la rhétorique du maréchal Haftar, qui justifie son attaque par le fait qu'il cherche à combattre les "terroristes" dans la capitale, selon une source gouvernementale à Tripoli qui a requis l'anonymat.
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