Corruption d'Etat en Afrique du Sud : deux des trois frères Gupta, proches de l'ancien président Zuma, arrêtés a Dubaï
Les Emirats arabes unis ont annoncé avoir finalisé l'extradition d'Atul et Rajesh Gupta, accusés d'avoir pillé les caisses de l'Etat sud-africain sous la présidence de Jacob Zuma.
Deux frères de la sulfureuse famille Gupta, impliquée dans un vaste scandale de corruption d'Etat en Afrique du Sud ont été arrêtés aux Emirats arabes unis. Les deux suspects, Atul et Rajesh Gupta, accusés d’avoir pillé les caisses de plusieurs ministères sous la présidence de Jacob Zuma, doivent être extradés et remis à la justice sud-africaine.
Racket de l'Etat à l'échelle industrielle
Ajay, Atul et Rajesh Gupta, trois hommes d'affaires d'origine indienne, sont accusés d'avoir pillé les caisses de l'Etat, avec la complicité de Jacob Zuma pendant ses neuf ans au pouvoir, entre 2009 et 2018. Arrivés en Afrique du Sud en 1993, les Gupta ont bâti un empire commercial, investissant dans les secteurs minier, informatique et dans les médias. En 2019, le Trésor américain leur a imposé des sanctions et gelé leurs actifs sous sa juridiction.
Selon certaines estimations, le trio aurait raflé environ trois milliards d'euros (50 milliards de rands) au travers d'activités illicites. L'Afrique du Sud tente de les amener devant la justice depuis des années : Interpol a lancé en juillet un avis de recherche contre deux d'entre eux.
Jacob Zuma complice des Gupta
En 2016, après des révélations dans la presse, un rapport accablant sur la corruption généralisée détaille comment la fratrie proche de l'ancien président sud-africain a remporté de lucratifs contrats publics et participé à la gestion des affaires de l'Etat, allant jusqu'à nommer des ministres. Ils sont accusés d'avoir siphonné les caisses des entreprises publiques dans plusieurs secteurs : l'électricité avec Eskom, les transports avec Transnet et l'aviation avec South African Airways.
Le trio a fui l'Afrique du Sud peu après la création, en 2018, d'une commission d'enquête présidée par le juge Raymond Zondo.
"il est clair que dès le début de son premier mandat, (l'ancien) président Zuma était prêt à faire tout ce que les Gupta voulaient qu'il fasse pour eux."
Le juge sud-africain Raymond Zondodans un rapport sur la corruption
Ces scandales ont contribué à la chute de l'ancien chef de l'Etat, lâché par l'ANC, son parti, et poussé à la démission. Jacob Zuma, condamné à la prison en juillet pour outrage à la justice, est aujourd'hui en liberté conditionnelle pour raison de santé. Son procès pour corruption est toujours en cours.
Le président Ramaphosa fragilisé dans une autre affaire
Après les affaires de corruption sous la présidence Zuma, c'est au tour de son successeur, l'actuel président Cyril Ramaphosa, d'être fragilisé par des accusations selon lesquelles il aurait acheté le silence de cambrioleurs tombés sur d'importantes sommes d'argent dans l'une de ses propriétés.
En février 2020, selon la plainte déposée le 1er juin 2022 par l'ancien chef du renseignement sud-africain Arthur Fraser, des cambrioleurs se sont introduits dans une ferme appartenant à M. Ramaphosa, où ils ont trouvé l'équivalent de près de 3,8 millions d'euros en espèces. La plainte accuse M. Ramaphosa d'avoir dissimulé le cambriolage à la police et l'argent au fisc. Elle avance aussi que le président aurait ensuite "payé" les cambrioleurs "pour leur silence".
Minée par une guerre de factions, l'ANC doit désigner dans les prochains mois son candidat à la présidentielle de 2024. Le parti au pouvoir est en difficulté devant sa mauvaise gestion du pays et une hausse importante du chômage.
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