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Burundi: cafouillage à l’ONU sur les violations des droits de l’Homme

Le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU a créé la surprise en votant une résolution africaine favorable aux autorités burundaises. Il a mandaté trois experts pour travailler avec le gouvernement à collecter des informations sur des violations dénoncées par les Occidentaux et les ONG. En retour, Amnesty international publie un rapport attestant de la poursuite de la répression dans le pays.
Article rédigé par Alain Chémali
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min
La police burundaise patrouillant dans les rues de Bujumbura, le 18 février 2017. (Stringer/AFP)

Louvoiement ou tergiversation, le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU a voté le 28 septembre 2017 à Genève une résolution allant à l’encontre de ses propres décisions.
 
Par 23 voix pour, 14 contre et 9 abstentions, le Conseil a avalisé une résolution présentée en dernière minute par le groupe Afrique. Il a décidé d’envoyer une nouvelle mission de trois experts enquêter sur les violations des droits de l’Homme dénoncées par les Occidentaux et les ONG internationales.

Des experts sans garanties d'indépendance et d'impartialité 
Les experts auront «pour mandat de travailler en coopération avec le gouvernement en vue de collecter les informations, déterminer les faits et circonstances» de ces violations «en vue de les transmettre aux autorités judiciaires du Burundi qui auront la charge d'établir la vérité», a expliqué le représentant de la Tunisie, Walid Doudech, au nom du groupe africain.
 
Une mission qui vient supplanter la Commission d’enquête indépendante, créée pourtant par ce même Conseil en septembre 2016, qui n’a jamais été autorisée à se rendre sur place.
 
«L’envoi d’une équipe qui serait dépendante du bon vouloir des autorités ne permet pas de penser qu’elle serait en mesure d’apporter une plus-value à la lutte contre l’impunité dans ce pays», a déploré l’ambassadeur de Lettonie, Janis Karlinks, au nom de l’Union européenne. Selon lui, «les garanties d'indépendance et d'impartialité ne sont pas réunies».
 
«Nous sommes profondément déçus que le Conseil ait adopté une résolution faible qui ne reflète pas la gravité de la situation», a déclaré pour sa part le représentant de Human Rights Watch à Genève, John Fisher.
 
Concernant la gravité de la situation, Amnesty International a publié le 29 septembre, c’est-à-dire dès le lendemain du vote à Genève, un nouveau rapport sur les violations des droits de l’Homme au Burundi.

Amnesty international dénonce un climat de peur généralisée 
Sous le titre Se soumettre ou fuir, l’ONG internationale met en garde contre le processus d’«incitation» au retour de milliers de réfugiés burundais par les autorités.
 
Soulignant «le climat de peur généralisée» régnant dans le pays depuis que le président Pierre Nkurunziza a décidé de briguer un troisième mandat, le rapport estime qu’en dépit des affirmations que «tout va bien», les réfugiés qui rentrent «risquent d’être tués, violés ou torturés».
 
Sur la base d’entretiens avec 129 Burundais réfugiés en Tanzanie et en Ouganda, Amnesty indique que les forces de sécurité du pouvoir et les Imbonerakure, des forces paramilitaires du régime, «continuent de réprimer les personnes considérées comme opposées au gouvernement».
 
«Ces témoignages recueillis font état d’homicides, de passages à tabac, de menaces de violences sexuelles, d’actes de torture et d’extorsions», précise le rapport.
 
Un rapport qui pourrait donner aux 400.000 réfugiés burundais à l’étranger à réfléchir par deux fois avant de répondre à l’appel du président Nkurunziza à rentrer chez eux, lancé en juillet 2017 depuis la Tanzanie.
 
En phase avec Bujumbura, la Tanzanie et l’Ouganda ont d'ailleurs décidé, depuis janvier 2017, de ne plus accorder automatiquement le statut de réfugiés aux demandeurs d’asile burundais.

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