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Algérie: le président Bouteflika s'aligne sur Poutine en félicitant Assad
Le président algérien Abdelazziz Bouteflika a adressé, le 17 avril 2018, ses félicitations à son homologue syrien Bachar al-Assad, à l’occasion du 72e anniversaire de l'indépendance de son pays. Un message qui intervient au lendemain des frappes occidentales contre l’arsenal chimique de Damas et qui permet à Alger de réaffirmer son alignement sur la stratégie russe dans la région.
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Le site en ligne Sputnik ne s’y est pas trompé en titrant: «Contre vents et marées, Alger debout aux côtés de Damas.» Une manière pour l’organe de presse officiel russe sur les réseaux sociaux de se féliciter, lui aussi, du message de félicitations adressé par le président Bouteflika à Bachar al-Assad à l’occasion de l’anniversaire de l’indépendance de son pays.
Bouteflika veut renforcer les liens de fraternité avec Damas
«Il m’est agréable, au moment où le peuple syrien frère célèbre le 72e anniversaire de l’indépendance de son pays, de vous adresser, au nom du peuple et du gouvernement algériens, et en mon nom personnel, mes chaleureuses félicitations accompagnées de mes vœux les meilleurs de santé et de bonheur, pour vous-même et de rétablissement de la paix et la sécurité… pour votre pays frère», a écrit le président algérien dans le message diffusé par l’agence officielle Algérie Presse Service (APS).
«Je saisis cette occasion pour vous réaffirmer l’intérêt que nous attachons à la consolidation des liens de fraternité et au renforcement de la coopération bilatérale dans tous les domaines au mieux des intérêts de nos deux peuples frères», a encore insisté Abdelaziz Bouteklika, que son entourage pousse à briguer un cinquième mandat malgré ses conditions physiques.
Trois jours seulement après la frappe coordonnée de Washington, Paris et Londres contre l’arsenal chimique du régime syrien, et par-delà l'aspect protocolaire du message, le pouvoir algérien faisait ainsi clairement savoir dans quel camp il se plaçait.
Alger opposée aux frappes au nom de la «souveraineté des pays»
Même si cette frappe a pris soin d’éviter de toucher aux alliés de Damas sur le terrain – Moscou, Téhéran et le Hezbollah libanais –, Alger a fait part de son opposition au bombardement des installations syriennes près de Damas.
«L’Algérie ne peut que regretter les frappes… au moment où toute la communauté internationale attendait plutôt l’envoi d’une commission d’enquête pour évaluer ou vérifier toutes ces informations relatives à l’usage (présumé) des armes chimiques que l’Algérie avait dénoncé», avait réagi le Premier ministre Ahmed Ouyahia.
«La question syrienne a plus besoin d’une solution politique et malheureusement ces frappes vont encore créer une atmosphère qui ne manquera pas de peser négativement sur une dynamique de règlement politique de la crise syrienne», a-t-il ajouté.
Une position qui épouse autant les thèses du Kremlin sur le conflit syrien, qu’elle s’oppose à la politique de l’Arabie saoudite et ses alliés émiratis dans leur combat contre l’hégémonie iranienne dans la région.
Alger pour une réintégration de la Syrie à la Ligue arabe
Le site Middleeasteye (MAE), proche du Qatar aujourd’hui en opposition avec Ryad, ne s’y est pas trompé non plus. Soulignant que l’Algérie, le Maroc et la Tunisie avaient pris position contre ces frappes, MAE rappelle qu’Alger rejette «comme elle le fait pour la Libye, le Mali ou n’importe quel pays dans le monde» toute intervention étrangère «au nom de la souveraineté des pays».
Le site rappelle également que l’Algérie «qui partage avec la Syrie une longue histoire commune… a déjà refusé de participer à la coalition armée en Syrie et au Yémen à l’initiative de l’Arabie saoudite en mars 2015».
Avec Bagdad, Le Caire et Tunis, Alger soutient également la réintégration de la Syrie à la Ligue arabe, ajoute MAE. «La Syrie semble indispensable à la bonne marche de la Ligue arabe», avait déclaré dès le 25 septembre 2017 le ministre algérien des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel, au site Russia Today.
Une manière pour la diplomatie algérienne de ne pas insulter l’avenir en cas de victoire de la politique de son vieil allié russe, Vladimir Poutine, dans la région. Et surtout, en cas d’une solution diplomatique qui maintiendrait Bachar al-Assad au pouvoir, en dépit du bilan de plus de 500 000 morts de la politique de répression qu’il continue de mener dans le pays.
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