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Afrique du Sud: l’économie à bout de souffle

Après une croissance proche de zéro en 2016, le ministre des finances sud-africain a admis que l’économie de son pays n’était pas sortie du marasme. Avec, en 2017, une croissance toujours poussive, des recettes fiscales en berne, une dette en forte hausse et un chômage record (27,7% de la population). Conséquence: plus de la moitié de la population vit aujourd'hui sous le seuil de pauvreté.
Article rédigé par Michel Lachkar
France Télévisions
Publié
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Le ministre des Finances sud-africain, Malusi Gigaba, dresse un sombre tableau de la situation de la premiière économie du continent. (GIANLUIGI GUERCIA / AFP)

Le ministre des finances, Malusi Gibala, a dressé devant le Parlement à Pretoria, un sombre tableau de l'économie sud-africaine, revoyant à la baisse ses prévisions de croissance pour 2017, à 0,7% contre 1,3% initialement prévu. Le grand argentier du pays a aussi annoncé un fort dérapage du déficit budgétaire, 4,3% pour l'exercice en cours, et une dette de moins en moins sous contrôle: elle atteindra 60% du PIB en 2021 contre 49% en 2017. 15% des revenus de l'Etat seront engloutis dans le paiement de la dette en 2019, contre 11% aujourd’hui.

Cela veut dire moins d’argent disponible pour les politiques économique et sociale, alors que plus de la moitié de la population sud-africaine vit aujourd'hui sous le seuil de pauvreté. 

Le bateau tangue
Dans la foulée du discours du ministre, la devise sud-africaine, le rand, a dévissé pour tomber à son niveau le plus bas face au dollar depuis novembre 2016. Et le pays a connu sa plus grande liquidation d'obligations d'Etat depuis septembre 2011. Les piètres statistiques de l'économie sud-africaine ont fait chuter la confiance des patrons à son plus bas depuis la fin de l'apartheid en 1994. 

Pour le ministre des Finances, «des mesures radicales sont nécessaires», notamment le gel des salaires des hauts fonctionnaires et la privatisation d'entreprises publiques.

Dans un entretien à l’agence City Press, Malusi Gibala affirme vouloir freiner le programme de construction nucléaire, affirmant «qu'il n'est ni abordable ni actuellement nécessaire». «Il est devenu clair, alors que l'économie plonge sérieusement, que nous ne pouvons pas nous permettre le nucléaire, le pays ne peut pas se le permettre», affirme t-il.

Les dépenses publiques devraient dépasser de près de 4 milliards de rands les prévisions initiales, notamment à cause des pertes abyssales de la compagnie aérienne South African Airways (SAA).

Fuite des capitaux
Une plus grande défiance vis-à-vis de l’économie sud-africaine pourrait se traduire par un retrait des investissements étrangers, des coûts d'emprunt toujours plus élevés et une hausse de l'inflation. Un scénario qui fait craindre au Trésor sud-africain une dégradation de la note de sa dette et une fuite massive des capitaux. Environ 200 milliards de rands (14 milliards de dollars) pourraient quitter le pays, selon l'agence Bloomberg News.

Selon les derniers chiffres de la banque mondiale, l'ancienne première économie du continent est désormais rétrogradée au troisième rang derrière Le Nigeria et l'Egypte.

Décidément, les BRICS ne sont plus ce qu’ils étaient, les économies des grands pays émergents (mise à part la Chine) ont tous connu une forte récession. Après le Brésil et la Russie, c’est donc au tour de l’Afrique du Sud de s’enfoncer dans la mauvaise gouvernance. Dans ces circonstances, il n'est plus exclu que l'ANC, au pouvoir depuis 1994, perde les élections générales de 2019.

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