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Afrique du Sud: Le Cap privé d’eau dans trois mois à cause de la sécheresse?
La municipalité du Cap a informé les habitants de la ville, le 16 janvier 2018, que le «jour zéro» (day zero) pourrait survenir le 22 avril: en clair, c’est ce jour-là que la cité pourrait être totalement privée d’eau en raison de la grave sécheresse qui sévit depuis des mois dans la seconde agglomération d’Afrique du Sud.
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En fait, la date du «jour zéro» semble varier au fur et à mesure de l’évaluation des stocks d’eau disponibles: fin décembre, on parlait du 18 mars et, un peu plus tôt, du 29 avril…
Mais ces variations ne changent rien à la gravité de la sécheresse dans la province du Cap Occidental et la ville du Cap. Celle-ci est placée depuis mars 2017 en «zone de catastrophe locale». Objectif: mettre en branle les procédures d’approvisionnement d’urgence et obtenir des subventions du gouvernement central de Johannesburg. Mais apparemment, ce dernier «a traîné des pieds» pour prendre les mesures qui s’imposaient, rapporte le site quartz.
De son côté, la ville, qui accueille chaque année des millions de touristes, a déjà mis en place de strictes mesures de rationnement, aussi bien dans les hôtels que pour les particuliers. Les douches sont limitées à deux minutes. Et il est recommandé d’«essayer de tirer les chasses d’eau le moins possible». L’arrosage des jardins et le remplissage des piscines privées sont interdits. De même que… les plongeons dans les piscines publiques. Saunas et hammams ont été fermés.
La mairie a menacé de poursuivre devant les tribunaux les propriétaires qui consomment plus de 87 litres d'eau par jour. Au cours de la semaine écoulée, seuls 39% des quelque 3,5 millions d'habitants de l'agglomération ont réussi à rester sous ce seuil, selon les autorités locales. En novembre, la maire du Cap, Patricia de Lille, estimait que seule la moitié d’entre eux cherchaient à effectivement économiser l’eau.
«La consommation quotidienne moyenne du Cap est toujours trop haute. Elle a même progressé de 578 à 618 millions de litres par jour», a déploré Patricia de Lille le 16 janvier. Selon la maire, cette consommation quotidienne doit être inférieure à 500 millions de litres d'eau pour repousser le jour où les robinets de la ville ne couleront plus.
Désalinisation
Depuis des mois, le niveau des six barrages qui alimentent la ville n'a cessé de baisser. Il atteint moins de 30% de son niveau normal (28,7% le 15 janvier) en cette période d'été austral, particulièrement chaude et sèche dans la région. En 2014, ce niveau était de 87,9%.
Toute l'Afrique australe a subi ces dernières années une très forte sécheresse, liée à des précipitations insuffisantes et aggravée par le phénomène météorologique cyclique El Niño. Mais de très fortes pluies, tombées ces derniers mois, ont permis à l'essentiel de cette partie du continent de refaire ses précieuses réserves d'eau.
La ville du Cap, qui reçoit la plupart de ses précipitations pendant l'hiver austral, a toutefois fait exception. Face à l’urgence de la situation, elle envisage un «prélèvement sécheresse» («drought levy») temporaire en raison du déficit qu’entraînent les coûts de cette catastrophe climatique (1,7 milliard de rands sud-africains, 112 millions d’euros). Un nouvel impôt qui ne fait pas plaisir à tout le monde: des divergences au sein de la municipalité pourraient retarder son vote…
La ville réfléchit aussi à la mise en place de solutions alternatives et onéreuses, notamment la construction d’usines de désalinisation. Par ailleurs, une campagne de forages a commencé pour tenter de trouver des réserves souterraines susceptibles de fournir 80 millions de litres par jour.
«Dettes, mauvaise gestion, corruption»
La ville du Cap est critiquée pour ne pas avoir pris de mesures de rationnement plus tôt. Pour certains, la crise de l’eau est d’ailleurs davantage «motivée par la politique que par la sécheresse», pour reprendre le titre d’un article (dans The Conversation), rédigée par un universitaire, David W.Olivier.
Si le gouvernement de Johannesburg avait œuvré correctement, la crise «aurait pu être atténuée», affirme-t-il. A ses yeux, «une meilleure répartition (de la ressource en) eau aurait pu permettre d’en fournir davantage à la ville du Cap. Et si l’on avait répondu à temps aux déclarations de catastrophe, les infrastructures (nécessaires) auraient déjà été construites et seraient opérationnelles» à l’heure qu’il est. Selon l’universitaire, «les dettes, la mauvaise gestion et la corruption qui touchent le ministère de l’Eau et de l’Assainissement» n’ont pas arrangé les choses…
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