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Ouganda: pas de retraite pour le président Museveni après 29 ans de pouvoir

C’est un ancien chef de guerre, au pouvoir depuis 1986. Depuis qu’une réforme de la Constitution a supprimé toute restriction sur le nombre de mandats en 2005, Yoweri Museveni monopolise le pouvoir à Kampala. A 70 ans, il n’a pas du tout l’intention de partir à la retraite. Face à lui, deux anciens frères d’armes tentent de le déboulonner lors de la présidentielle de Février 2016.
Article rédigé par Martin Mateso
France Télévisions
Publié
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Le président ougandais Yoweri Museveni lors de sa prestation de serment le 12 mai 2011 à Kampala. (Photo AFP/Peter Busomoke)

Il s’est emparé du pouvoir par les armes il y a près de 30 ans et ne l’a plus jamais quitté. Pour la quatrième fois, Yoweri Museveni sollicite les suffrages des Ougandais et a sorti son hymne de campagne. Une chanson traditionnelle déjà mise en ligne sur les réseaux sociaux. «C’est sa propre voix, c’est sa chanson», assure son service de presse qui fait la promotion de la chanson Yengoma, mot ougandais qui signifie le tambour, symbole du pouvoir traditionnel.
 
De nombreux jeunes Ougandais sont nés sous son règne. Il leur promet de préserver la paix et de leur offrir des emplois. A ses adversaires qui évoquent son incapacité physique, il affirme être en excellente santé «à l’exception de quelques crises de paludisme, toux ou légères réactions allergiques nasales».
 
Face à Museveni, deux anciens frères d’armes
L’opposant Kizza Besigye, 59 ans, est une ancienne figure du parti au pouvoir.
Il avait juré qu’il ne se présenterait plus après avoir échoué à trois reprises face à Yoweri Museveni (2001, 2006 et 2011).
 
Il affirmait que des élections libres et équitables étaient impossibles en Ouganda. Il a totalement changé d’avis: «Nous avons devant nous l’élection la plus ouverte de notre histoire politique», a-t-il estimé, après la validation de sa candidature par la commission électorale.
 
Ancien médecin personnel de Yoweri Museveni, Kizza Besigye a occupé plusieurs postes importants au sein du régime, avant de rompre en 1999 et d’incarner l’opposition au chef de l’Etat.
 
L'opposant Kizza Besigye arrêté par la police lors d'une manifestation contre la corruption le 19 janvier 2012 à Kampala. (Photo Reuters/James Akena)

Il ne compte plus les heures de garde à vue, les multiples arrestations. Ses partisans sont régulièrement pourchassés dans les rues de Kampala, dispersés à coups de gaz lacrymogènes et arrêtés.
 
Dans sa course vers un nouveau mandat, le président Museveni fera aussi face à un autre ex-allié, son ancien Premier ministre Amama Mbabazi. Il fut longtemps un fidèle du président sortant, avant de tomber en disgrâce en 2014 alors qu’il faisait campagne contre l’investiture du chef de l’Etat au scrutin de 2016.
 
Comme Kizza Besigye, l’opposant Amama Mbabazi est une figure-clé de la coalition de l’opposition qui veut barrer la route au président sortant. «Nous irons aux élections, comme convenu, en une coalition unique avec un seul candidat à la présidence», annoncent les deux leaders de l’opposition qui viennent de signer un accord à Londres.
 
Dans cette campagne électorale qui est lancée, le candidat Amama Mbabazi a introduit le thème de l’homophobie. Une première en Ouganda : «Je m’oppose à l’homophobie», a-t-il déclaré sur la chaîne de télévision ougandaise NBS. Il précise toutefois qu’il préfère un mariage entre un homme et une femme, mais qu’il ne devrait pas y avoir de «discriminations envers les homosexuels». Une prise de position qui risque de lui valoir des ennemis dans ce pays où l’homosexualité n’a pas bonne presse.

L'opposant ougandais Amama Mbabazi en déplacement à Jinja dans l'est du pays, le 10 septembre 2015. C'est la première fois que l'ancien Premier ministre se présente à une élection présidentielle. (Photo Reuters/James Akena)

L’ancien Premier ministre, âgé de 66 ans, promet de meilleurs services publics et de réduire le chômage s’il était élu.
 
La tâche s’avère difficile pour ces deux anciennes figures du parti au pouvoir. Les deux opposants peinent à convaincre et à critiquer un système qu’ils ont contribué à mettre en place et dont ils ont bénéficié pendant de longues années.
 
De quoi conforter le président Yoweri Museveni, donné favori de ce scrutin.

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