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Français enlevés au Bénin : qui était Fiacre Gbédji, le guide tué par les preneurs d'otages ?

Sa mort a suscité une vive émotion sur les réseaux sociaux. Franceinfo dresse son portrait.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Le guide béninois, Fiacre Gbédji, sur une photo non datée communiquée par sa famille le 13 mai 2019. (AFP)

Il est la première victime de cette prise d'otages. Fiacre Gbédji, un guide Béninois âgé de 29 ans, a été tué lors de l'enlèvement des deux Français qu'il accompagnait dans le nord du Bénin. Son corps a été retrouvé samedi 4 mai, tout près de la frontière dans le parc de la Pendjari, où les ravisseurs de Patrick Pique et Laurent Lassimouillas l'ont abandonné aux vautours, avant de fuir au Burkina Faso voisin. Sa mort, moins médiatisée que le sauvetage des deux touristes, a suscité une vive émotion sur les réseaux sociaux.

Un guide très apprécié de ses collègues

Fiacre Gbédji faisait partie de la trentaine de guides accrédités pour conduire les touristes à travers parc de la Pendjari, qui s'étend sur 4 700 km2. Selon l'AFP, il était très apprécié de ses collègues. "Fiacre va beaucoup nous manquer, c'est l'un des meilleurs guides que nous avions", a confié James Terjanian, le directeur du complexe touristique de la Pendjari où le drame a eu lieu. "Tout se passait toujours très bien et il ne récoltait que des mentions très bien", témoigne Adamou Akpana, président de l'Union des guides pour la destination Pendjari.

Ce n'est pas seulement sa famille et ses collègues qui pleurent. (...) Tous les touristes qui le connaissaient envoient des messages de compassion.

Adamou Akpana

à l'AFP

Son chef, Mathieu Yokossipe, décrit dans les colonnes de La Libre Belgique un homme "réellement à l'écoute des autres""C'était un vrai travailleur. Quand je lui confiais un boulot, il le faisait rapidement et méticuleusement. Il tenait à ne jamais rien rater dans sa vie. Nous sommes aujourd'hui dépassés par les événements. Ce qui s'est passé est très injuste", témoigne-t-il. "Je l'ai vu la dernière fois à la veille de son départ avec les deux touristes. Ils étaient à moto, relate Adamou Akpana. On a échangé un peu comme à nos habitudes et ils sont partis après. Je n'ai pas vraiment échangé avec les deux touristes, on s'est juste salué."

Un père de famille

Fiacre Gbédji vivait dans une maison modeste de la petite classe moyenne, dans la ville de Natitingou, dans le nord-ouest du Bénin, pays réputé pour ses trésors touristiques. Il avait six enfants. Selon l'AFP, qui s'est rendue sur place, visiteurs et voisins défilent depuis sa mort pour présenter leurs condoléances à la famille. Trop affectées par sa disparition, sa femme et sa mère n'ont pas parlé à la presse. Selon son frère, Alexandre Gbédji, personne dans la famille ne réalise encore ce qui s'est passé. "Personne n'en revient, confie-t-il à l'AFP. C'est un cauchemar pour toute la famille."

Un homme engagé dans l'humanitaire

Outre ses activités de guide, il avait fondé un orphelinat, avec le soutien de certains touristes, a raconté à l'AFP un de ses proches amis. Il donnait lui-même régulièrement des cours aux enfants du centre et leur était très "dévoué". Un autre proche le décrit comme quelqu'un de "très humble, très serviable, et très disponible".

Son premier trait caractéristique, c'est le don de soi pour les autres.

Un ami de Fiacre Gbédji

à l'AFP

Fiacre Gbédji avait aussi collaboré avec une ONG belge. Le journal La Libre Belgique raconte qu'il participait au programme Move With Africa, qui envoyait de jeunes Belges en Afrique pour des projets humanitaires. "Accompagnateur attentionné, pédagogue, Fiacre prenait le temps qu'il fallait pour expliquer. Pas justifier. Pas excuser. Pas se plaindre. Simplement expliquer, au service du droit de chacun à se construire sa propre opinion, avec nuance et équilibre, sur une base éclairée", souligne Laurent Deutsch, de l'ONG Iles de Paix. Cette association a mis en ligne une cagnotte pour la famille du défunt.

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