Nouvelle journée d'émeutes et couvre-feu en Tunisie
Actualisé à 20h
Zine Ben Ali est un homme politique habile. Tout en condamnant les débordements et en montrant les dents par un déploiement militaire, il a annoncé ce matin des mesures pour calmer les manifestants (lire notre article). Mais cette fois, la technique n'a pas fonctionné. De nouvelles émeutes ont eu lieu cet après-midi dans plusieurs villes du pays.
Le centre-ville de Tunis a notamment connu de graves affrontements, malgré la présence de l'armée. Les heurts ont eu lieu tout près de l'une des principales avenues de la capitale, l'avenue Habib Bourguiba, dans le quartier de l'ambassade de France, pourtant quadrillée par un dispositif policier conséquent, et deux véhicules militaires entourés de barbelés.
Un autre cortège a tenté d'accéder au gouvernorat, mais en a été empêché par des unités anti-émeutes.
Enfin, une troisième manifestation, vers le Passage, a été encerclé par des policiers et elle a dégénéré quand les manifestants ont tenté de se frayer un chemin.
Loin de s'éteindre, la contestation s'étend même à des villes jusqu'ici calmes, comme Douz, dans le sud du pays. Selon des témoins, quatre personnes y ont été tuées par des tirs à balles réelles de la police. Le premier est un franco-tunisien, professeur à Compiègne, dont la mort a été filmée et mise en ligne sur des sites d'opposants tuniens, et reprise par Rue89.
Quatre à cinq autres manifestants auraient été blessés, certains grièvement. Dans la soirée, les forces de l'ordre étaient encerclées dans le siège de la sous-préfecture par une foule demandant justice. L'armée s'est interposée entre les deux parties.
Même scénario à Sfax. La ville est en grève générale, à l'appel du syndicat Union générale tunisienne du travail (UGTT). Des affrontements ont eu lieu quand des habitants ont voulu manifester leur solidarité avec le reste du pays. La police aurait ouvert le feu à belles réelles, blessant au moins cinq personnes.
Durant ces heurts, le chef du Parti communiste des ouvriers de Tunisie (PCOT, interdit), Hama Hammami, a été interpellé à son domicile, à Tunis. C'est le premier dirigeant politique à être arrêté depuis le début des heurts. Hama Hammami, qui vivait jusqu'à récemment dans la clandestinité, était intervenu dans plusieurs médias étrangers pour dénoncer le régime de Ben Ali.
L'ambassadeur tunisien auprès de l'Unesco, Mezri Haddad, était ce soir l'invité de Catherine Pottier. Il affirme que les manifestants de ces derniers jours sont manipulés par ceux qui souhaitent déstabiliser la Tunisie :
Face à cette situation, les autorités tunisiennes ont décrété un couvre-feu sur l'agglomération de Tunis. Celui-ci court de 20 h à 6 h du matin. La durée de la mesure est indéterminée.
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