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Nigeria : la nouvelle arrestation de l'opposant Omoyele Sowore indigne les Nigérians

Seun Kuti, le fils de l'artiste et activiste nigérian Femi Kuti, demande aux Nigérians de se mobiliser pour faire libérer l'opposant Omoyele Sowore. 

Article rédigé par franceinfo Afrique avec AFP
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Temps de lecture : 5min
L'opposant Omoyele Sowore arrivant le 30 septembre 2019 au tribunal fédéral d'Abuja, la capitale politique du Nigeria. 
 (KOLA SULAIMON / AFP)

La mobilisation s'intensifie pour demander la libération de l'opposant nigérian Omoyele Sowore. La police secrète nigériane l'a de nouveau arrêté le 6 décembre 2019, moins de 24 heures après sa libération sur ordre de la justice, à Abuja, la capitale politique du Nigeria.

"Sowore a été arrêté de nouveau. Il est détenu par la DSS (Département des services de l'Etat)", a expliqué Me Femi Falana, son avocat, joint au téléphone par l'AFP. "Le DSS avait tenté de l'arrêter dans le tribunal, mais les gens (présents, NDLR) ont résisté et pour éviter des violences, je l'ai personnellement conduit à leur bureau", a-t-il ajouté. "Le DSS a déclaré avoir besoin d'obtenir plus d'informations dans le cadre de son procès et a promis de le libérer plus tard dans la journée."

L'opposant n'a pas recouvré la liberté depuis. Omoyele Sowore et son co-accusé Olawale Bakare avaient été libérés le 5 décembre après plusieurs mois de détention, suite à une décision de justice qui donnait 24 heures à la DSS pour libérer les deux opposants, incarcérés début août pour insurrection et trahison.

Candidat malheureux à la présidentielle de février, Omoyele Sowore, âgé de 48 ans, avait été arrêté le 1er août pour avoir appelé sur internet à l'organisation d'une manifestation de masse, "Révolution maintenant (Revolution now)".

Pourfendeur virulent du président Muhammadu Buhari, il est aussi le fondateur du journal en ligne Sahara Reporters (basé à New York), qui se présente comme un média d'investigation indépendant.

La situation de Sowore avait déjà soulevé l'indignation sur les réseaux sociaux et plusieurs manifestations avaient été organisées à Abuja ces dernières semaines pour demander sa libération et celle de son co-détenu. Sa nouvelle arrestation, inattendue et spectaculaire, a relancé le mouvement, notamment sous le hashtag #FreeSowore. 

Après sa femme Ope Sowore quelques heures plus tôt, la mère de l'opposant, Esther Sowore, confiait son désarroi et en appelait, une fois de plus, à la clémence du président Buhari dans un entretien accordé à CNN le 6 décembre. 

Seun Kuti invite les Nigérians à se mobiliser 

Dans une vidéo posté sur Twitter, le chanteur Seun Kuti, fils du défunt opposant et musicien Fela Kuti, en appelle, lui, aux Nigérians. "Buhari sait que les Nigérians ne se soulèveront jamais pour les gens qui se dressent pour eux. C'est (la) plus grande arme (des dirigeants) (...) C'est à vous, Nigérians, de libérer Sowore parce que ce gouvernement ne le fera jamais. C'est ce qu'ils ont fait à mon père qui croyait que les Nigérians se mobiliseraient pour lui", a-t-il déclaré. 

Le Wole Soyinka Centre for Investigative Journalism (WSCIJ), une ONG dont l'objectif est de dénoncer notamment la corruption grâce au journalisme d'investigation, a annoncé le 9 décembre qu'il reportait la remise de l'Integrity Award (prix de l'intégrité) au vice-président Yemi Osinbajo pour protester contre l'arrestation d'Omoyele Sowore. Selon le communiqué de l'organisation, la décision a été prise pour protester "contre la répression de la liberté d'expression", notamment "'l'incident entre le Département des services de l'Etat (DSS) et Omoleye Sowore, éditeur de Sahara Reporters".

Les organisations de défense des droits de l'Homme, qui avaient bataillé pour obtenir sa récente libération, sont de nouveau mobilisées pour faire libérer l'opposant nigérian.

A la veille de la célébration de la Journée mondiale des droits de l'Homme, le 10 décembre, note le communiqué de l'ONG Enough is Enough, Nigeria publié au nom de plusieurs acteurs de la société civile nigériane, l'organisation dénonce la dégradation de la liberté d'expression au Nigeria sous l'administration Buhari. Elle exige, entre autres, une enquête sur l'arrestation d'Omoleye Sowore et sa libération immédiate. Enough is Enough, Nigeria appelle à occuper les bureaux de la Commission nationale des droits de l'Homme (CNDH) à travers le pays si ces revendications "ne sont pas honorées dans les 14 jours".

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