Nigeria : "Comment des terroristes peuvent-ils attaquer une infrastructure sécuritaire et s'en sortir ?" s’interroge le président Buhari après un raid près de la capitale
Des centaines de prisonniers, dont plusieurs dizaines de jihadistes, ont pu s'évader après l'assaut d'une prison dans la banlieue d'Abuja.
L'attaque d'un établissement pénitentiaire situé dans la banlieue d’Abuja, la capitale politique du Nigeria, a permis l’évasion de près de 900 prisonniers dont une soixantaine de jihadistes de Boko Haram. Cette opération, la première du genre près de la capitale, illustre l'insécurité quasi-généralisée dans le pays le plus peuplé d'Afrique. Le chef de l’Etat Muhammadu Buhari semble lui-même dépassé par la situation. "Comment des terroristes peuvent-ils s’organiser, disposer d’armes, attaquer une infrastructure sécuritaire et s’en sortir ?", a-t-il déclaré dans un communiqué publié le 6 juillet 2022, au lendemain de l'attaque.
Que s’est-il passé ?
Dans la soirée du 5 juillet, près de 300 hommes armés ont attaqué vers 22h (heure locale) une prison de la ville de Kuje, à 40 km d'Abuja et de la résidence présidentielle. Le raid, mené avec explosifs et armes automatiques, a permis à 64 jihadistes de s'échapper. Aucun d’entre eux n’a pu être retrouvé alors que la majorité des détenus ont été "récupérés", selon les autorités pénitentiaires. Cette opération inédite dans la capitale a été revendiquée par l’organisation Etat islamique en Afrique de l’Ouest (Iswap). Né d'une scission de Boko Haram, comme son nom l'indique, le groupe a prêté allégeance à l’organisation Etat islamique. Il est principalement actif dans le nord-est du Nigeria et dans la grande région du lac Tchad.
Des criminels de plus en plus téméraires
Ce n’est pas la première fois que des groupes terroristes ou des bandits armés sévissent au Nigeria. L’insécurité y est malheureusement récurrente. Les attaques sont le plus souvent perpétrées dans la zone rurale du nord-est et dans le centre où sont implantés depuis des années plusieurs groupes armés et des bandes criminelles. Mais cette fois-ci, le raid a lieu tout près de la capitale où des hommes armés ont mené une opération spectaculaire. Le président Muhammadu Buhari n’a pu que constater les dégâts et s’est dit "déçu" du système de renseignement de la prison. La réaction du chef de l'Etat interpelle alors qu'on attend de lui des réponses pour lutter contre l'insécurité.
Autre incident inquiétant, quelques heures avant l'assaut contre la prison, des hommes armés ont tendu une embuscade à un convoi comprenant des agents chargés de la sécurité du président, dans une ville de l'Etat de Katsuna dans le nord-ouest du pays. Une région infestée de bandes criminelles lourdement armées.
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