Au Nigeria, la police annonce avoir arrêté près de 700 personnes lors des manifestations, Amnesty International demande leur libération

Le Nigeria traverse une grave crise économique, à la suite de réformes mises en place par le président Bola Tinubu, qui ont entraîné des manifestations dans tout le pays contre la vie chère.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Les Nigérians organisent une manifestation contre l'inflation et la mauvaise gouvernance, sous le slogan #EndBadGovernance, à Ojota, un quartier de Lagos (Nigeria), le 2 août 2024. (ADEKUNLE AJAYI / NURPHOTO / AFP)

Le spectre de la répression plane sur le Nigeria. La police du pays a annoncé, samedi 3 août, avoir arrêté près de 700 personnes lors des deux journées de manifestations contre la vie chère, qui ont eu lieu jeudi et vendredi sur tout le territoire. Les protestations contre la hausse du coût de la vie et la mauvaise gouvernance avaient fait descendre dans la rue des milliers de personnes jeudi et s'étaient clairsemées progressivement.

Au total, 681 personnes ont été arrêtées, a dévoilé dans un communiqué la police nigériane, les accusant de "délits criminels tels que vols à main armée, incendies criminels, troubles et destructions de biens publics et privés". Trois cent quatre-vingt-trois d'entre elles ont été arrêtées à Kano (nord), la deuxième ville du pays qui a été le théâtre de heurts, a-t-elle précisé. Sept personnes sont mortes au cours des manifestations, a ajouté la police, niant toute responsabilité.

Au moins 13 personnes tuées par les forces de l'ordre, selon Amnesty International 

Vendredi, l'ONG Amnesty International a de son côté affirmé qu'au moins 13 personnes avaient été tuées par les forces de l'ordre. L'association a demandé samedi la libération des manifestants et appelé la police à ne pas tirer à balles réelles sur la foule. "Les autorités nigérianes doivent libérer immédiatement tous ceux qui ont été arrêtés pour le seul motif d'avoir exercé leurs droits à la liberté d'expression et à se rassembler pacifiquement depuis le début des manifestations de la faim dans tout le pays", a écrit l'ONG sur les réseaux sociaux.

Elle a aussi appelé les autorités nigérianes à "enquêter de manière impartiale sur le meurtre présumé de plus de six manifestants pacifiques" samedi, dans la région de Kurna. "Des témoins ont déclaré que certaines des victimes étaient des enfants, abattus à bout portant et sans sommation", a ajouté l'ONG sur X.

Pays le plus peuplé d'Afrique, le Nigeria traverse une grave crise économique, à la suite de réformes mises en place par le président Bola Tinubu, arrivé au pouvoir en mai 2023. L'inflation des denrées alimentaires dépasse les 40% et le prix de l'essence a triplé. Les participants aux manifestations, baptisées #EndbadGovernanceinNigeria ("Mettre fin à la mauvaise gouvernance au Nigeria"), demandent au président de revenir sur certaines réformes, comme la suspension de la subvention aux carburants, et de "mettre fin à la souffrance et à la faim".

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