Nigeria : au moins 118 morts dans un double attentat dans le centre du pays
Le groupe islamiste Boko Haram aurait des cellules actives à Jos, ville touchée par ce double attentat et déjà attaquée dans le passé.
Au moins 118 personnes ont été tuées mardi 20 mai dans un double attentat à Jos dans le centre du Nigeria, indique l'Agence nationale de gestion des crises. "Le nombre de cadavres est actuellement de 118", précise coordinateur de l'Agence tout en estimant qu'il pourrait "y avoir plus de cadavres dans les décombres" dus aux explosions. Cinquante-six personnes ont été blessées dans ce double attentat. Le groupe islamiste Boko Haram aurait des cellules actives à Jos, une ville qu'il a déjà attaquée par le passé.
Selon un porte-parole du gouverneur de l'Etat du Plateau, dont Jos est la capitale, les victimes sont "en majorité des femmes". La première explosion, due à un camion piégé, est survenue sur le marché New Abuja, un endroit très fréquenté, selon l'armée. Des équipes de secours sont rapidement arrivées sur les lieux. Une vingtaine de minutes après la première explosion, un minibus piégé a explosé, prenant aussi au piège, selon des témoins, des membres de secours.
Des Nigérians ulcérés
Sous le feu des critiques pour sa lenteur et son manque d'initiative dans cette période de tourmente, le président nigérian Goodluck Jonathan a rapidement condamné ces attentats, "une attaque tragique contre la liberté humaine" perpétrée par des hommes "cruels et diaboliques". "Le gouvernement reste entièrement engagé pour gagner la guerre contre le terrorisme", souligne la présidence.
L'Etat du Plateau marque la limite entre le sud chrétien et le nord majoritairement musulman du pays le plus peuplé d'Afrique, première puissance économique du continent. L'Etat du Plateau et sa capitale Jos ont été par le passé le théâtre de violences intercommunautaires meurtières tout comme d'attaques de Boko Haram.
Le double attentat de mardi, après une attaque-suicide dimanche à Kano, la grande ville du nord, qui a fait quatre morts, ne sont pas de nature à rassurer les Nigérians, déjà ulcérés par l'incapacité du pouvoir à sauver quelque 200 lycéennes enlevées mi-avril à Chibok (nord-est) par l'insurrection islamiste. Toutefois, aucune de ces dernières attaques n'a été revendiquée, et les autorités n'ont pas désigné de responsables pour l'heure.
Plus de 2 000 morts dans des attaques depuis le début de l'année
En un mois, deux attentats à la voiture piégée ont fait près d'une centaine de morts à Abuja, la capitale fédérale (à 300 km au sud-ouest de Jos). Le premier a été revendiqué par Boko Haram, engagé dans des actions sanglantes depuis 2009. C'est dans ce contexte d'intensification des violences de Boko Haram que le président Jonathan avait demandé la prolongation de l'état d'urgence dans les Etats de Yobe, Adamawa et Borno (nord-est), fief des islamistes armés. En vigueur depuis un an, cette mesure a été votée mardi par les sénateurs à l'unanimité, comme l'avaient fait les députés la semaine dernière. C'est dans l'Etat de Borno que le groupe islamiste a enlevé les lycéennes, dont le sort a suscité une vaste mobilisation internationale.
Si, dans un premier temps, l'état d'urgence, accompagné d'une vaste offensive militaire, avait semblé porter ses fruits, nombre d'observateurs jugent aujourd'hui la mesure inefficace, et d'abord symbolique.Les attaques de Boko Haram se sont finalement accrues, devenant quasi quotidiennes, prenant de plus en plus pour cible les civils et s'étendant ces dernières semaines à Abuja et Kano. Depuis le début de l'année, les attaques ont fait plus de 2 000 morts, en majorité des civils.
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