: Reportage Niger : après la fermeture de l'ambassade, les expatriés français s'étonnent d'une "décision précipitée et brutale"
Au Niger, après le départ des derniers soldats français du pays vendredi, Paris a décidé de fermer son ambassade dans la capitale. Une mesure rare, qui intervient après des mois de tensions avec la junte au pouvoir, depuis le coup d’Etat de la fin juillet. L’ambassade invoque des "raisons sécuritaires", après de violentes manifestations et un blocus des forces de l’ordre nigériennes autour de l’enceinte. Mais à Niamey, dans la capitale, la décision inquiète les Français sur place.
Dans le jardin d'un hôtel près du fleuve, ils sont une trentaine, quelques expatriés installés depuis longtemps au Niger et des familles binationales : "C'est une petite fête de Noël pour que les Français qui sont là, sachent que nous sommes là pour les aider. On est là pour se soutenir."
Sans consulat, plus possible de renouveler sa pièce d'identité ou d'obtenir un document d'état-civil. Un casse-tête pour le vice-président de l'Union des Français de l'étranger : "J'ai vu un Français, sa femme a accouché ici. Pour que l'enfant soit de nationalité française et il doit faire la déclaration dans les quinze jours... Tout ça, ce sont des problèmes. J'ai des amis, leurs passeports sont terminés alors ils sont bloqués. Quand Macron dit 'On n'abandonne jamais un Français à l'étranger'... il vient de nous laisser tomber."
Sentiment d'abandon, d'incompréhension
Autre témoignage, celui d'Alain Vollet, un enseignant à la retraite qui vit ici depuis douze ans. Pas question pour lui de partir : "Non, non, non, il n'y a aucune raison pour que je parte et je ne me sens absolument pas en danger au Niger. Quand je passe dans les rues, tous ceux qui me connaissent me saluent avec grand plaisir. Pour moi, c'est politique, ce n'est pas sécuritaire, c'est une décision précipitée et brutale."
Partir ou rester ? Hassia, maman franco-nigérienne, s'inquiète surtout pour ses deux enfants. Les écoles françaises toujours fermées, ils suivent leurs cours à la maison : "Bon, on espère quand même que les liens vont continuer et que l'école va rouvrir. Sinon, je pense qu'on va trouver d'autres solutions : des écoles ici ou dans un autre pays limitrophe. On se pose la question, est-ce qu'il ne faut pas partir ? Pour partir il faut que ce soit toi qui le décides. Mais partir parce que tu es contraint de partir, même si tu le fais, tu le fais avec un poids sur le cœur." Car la rupture diplomatique entre la France et le Niger et surtout vécue comme un déchirement.
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