La Namibie, un modèle de stabilité politique en Afrique
La Swapo (South West Africa People's Organisation : parti de la lutte anticoloniale et anti-apartheid en Afrique du Sud avant l'indépendance de la Namibie en 1990), devenue parti de gouvernement dans ce pays d'Afrique australe, a remporté dans le même temps plus de 80% des suffrages aux élections législatives. Lesquelles se sont tenues en même temps que la présidentielle.
Les deux principaux partis d’opposition, la Democratic Turnhalle Alliance et le Rally for Progress and Democracy ont recueilli respectivement 4,8% et 3,15% des suffrages. Ce qui les laisse loin derrière la Swapo.
Hage Geingob, un modéré à la tête de l’Etat
Représentant de la Swapo en exil au Botswana et aux Etats-Unis, Hage Geingob a travaillé pour les Nations Unies. Celui dont le slogan de campagne était «paix, stabilité et prospérité», a été élu sans surprise.
Premier ministre de 1990 à 2002, puis de nouveau 10 ans plus tard, il était le dauphin officiel de son prédécesseur, considéré lui aussi comme un modéré. On le savait candidat depuis qu’il a remporté les primaires de la Swapo en 2012.
Les 72% des 1,2 million d’électeurs qui se sont mobilisés ont été séduits par les premières élections totalement électroniques jamais organisées en Afrique.
Ce qui frappe aujourd’hui, c’est la fluidité avec laquelle le passage de témoin a pu se faire dans ce grand pays semi-désertique peu peuplé, 2,3 millions d'habitants, dont une minorité blanche (6,6%) en partie germanophone (descendants des colons allemands) et métisse (7,4%). Après avoir été colonisée par l’Allemagne, la Namibie a été conquise et administrée par l'Afrique du Sud.
Trois présidents depuis l’indépendance
L'ambassadrice Fatuma Ndangiza, chef des observateurs électoraux de l'Union Africaine, a loué la tenue d'un scrutin dans «un environnement pacifique, libre de toute violence et intimidation».
Avec ses trois présidents depuis 1990, la Namibie représente un modèle d’alternance politique sur le continent. «Le peuple a parlé. La démocratie est vivante. J'appelle tout le monde à respecter et honorer le choix du peuple», a conclu le président sortant Hifikepunye Pohamba, qui a tiré sa révérence après deux mandats.
Hifikepunye Pohamba va donc rejoindre, comme l’écrit Jeune Afrique, «Sam Nujoma (son prédécesseur, NDLR) au club des anciens présidents namibiens». Ebba Kalondo, ancienne chef de service Afrique à France 24 et spécialiste de la Namibie, reprise par le site du journal, raconte: «Depuis qu'il s'est retiré du pouvoir en 2004, après son troisième mandat, Nujoma est resté très présent dans la vie politique nationale, jouant souvent un rôle d'arbitre et de sage dans le parti.»
Des ressources mais d’énormes disparités
Jeune démocratie, la riche Namibie (elle possède d'importantes ressources minières : diamants et uranium) a encore du chemin à faire pour combler les disparités sociales. Malgré une croissance économique estimée à 4% en 2014, au moins 25% de la population et 40% des jeunes, sont au chômage.
Un sondage d'Afrobarometer vient ainsi mettre un bémol à la politique menée par ce régime parlementaire. Il en résulte que les deux-tiers des électeurs estiment que le gouvernement a échoué à créer des emplois et à combattre la corruption et la pauvreté. Et ce, alors même que le pays se classe parmi les moins pauvres du continent.
Mais on ne chasse pas, en claquant des doigts, des décennies de colonialisme et d’apartheid. Aujourd’hui encore, la répartition des richesses profite plus à la minorité blanche qu’à la majorité noire. Et 24 ans après l’indépendance, le pays, qui manque d’infrastructures lui permettant de se développer, vit encore sous l’influence économique de l’Afrique du Sud, son puissant voisin.
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