Reportage "On sera tranquilles quand tout le monde aura sa maison" : un an après le séisme au Maroc, les reconstructions sont toujours en cours

Le 8 septembre 2023, le centre du Maroc était frappé par un puissant séisme faisant près de 3 000 morts. Un an après, les stigmates de la catastrophe sont toujours bien présents, les nouvelles maisons tardent à sortir de terre.
Article rédigé par franceinfo - Matthias Raynal
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Une maison détruite dans un village marocain du Haut Atlas touché par le seisme (VINCENT MICHEL / MAXPPP)

Un triste anniversaire au Maroc. Il y a un an, le 8 septembre 2023, le royaume chérifien était frappé par un terrible tremblement de terre. Le plus meurtrier que le pays ait connu depuis 60 ans. Dans le centre du pays, dans la région du Haut Atlas, où se situe l'épicentre, près de 3 000 personnes ont été tuées, plus de 5 600 blessées, des villages ont été presque entièrement rayés de la carte et 60 000 habitations ont été endommagées ou détruites. La tâche est immense pour les autorités qui ont mis en place un ambitieux programme de reconstruction. Les familles touchées reçoivent soit 80 000, soit 140 000 dirhams pour, respectivement, rénover ou reconstruire leur maison, soit un peu plus de 7 000 et 13 000 euros.

Dans le village d'Amesguen, perché à 1 000 mètres d’altitude, le son de la pelle qui s’enfonce dans le béton frais à quelque chose de rassurant. "Ici, les fondations sont terminées. Dans pas longtemps, on va monter la structure en brique et ça va continuer ainsi petit à petit, jusqu’à la fin du chantier", explique Abderrahim en regardant son jeune village. Les nouvelles maisons sortent de terre tout doucement, le séisme a causé des dégâts considérables. "Il y a eu deux morts, une vieille dame et un enfant de 5 ou 6 ans".

Obligés de quitter leur village, les survivants se sont installés un peu plus loin. Depuis six mois, ils vivent au bord de la route, dans des préfabriqués. "Nous étions dans les tentes là-bas. La vie dans la tente, c'est difficile. L'eau rentre, on se débrouille comme on peut", raconte Abderrahim.

"Même si on mettait du plastique, l'eau finissait par s’infiltrer."

Abderrahim, habitant d'un village du Haut-Atlas au Maroc

"Voilà la maison", Aicha ouvre les portes de son domicile éphémère, "ça, c'est la chambre et la cuisine. Il y a des toilettes ici, c'est tout. Même si c'est petit, c’est bien", confie Aïcha qui vit seule dans ces neuf mètres carrés, où cet été, il a fait une chaleur suffocante. Elle est très fière de montrer les plans de sa future maison qu'elle fait construire grâce à l'aide financière de l’État. "Ils ont posé les fondations. Il y a des gens qui n'en sont pas encore à ce stade-là. On sera tranquilles quand tout le monde aura sa maison."

Le poids de la bureaucratie

Mais ça risque de prendre du temps. Dans ce village, une dizaine de familles n’ont pas été indemnisées. Certains pointent du doigt le poids de la bureaucratie. Il y a des profils qui ne rentrent pas dans les cases de l’administration, "mes documents prouvant mon identité sont restés dans les décombres de ma maison. C'est mon fils qui s’est inscrit. Lui, il réside à Marrakech. Du coup, ils ont refusé de nous accorder l'aide", regrette Yamina.

Selon le gouvernement marocain, environ 50 000 logements sont en cours de construction ou de réhabilitation. Près de 1 000 familles ont terminé leurs travaux.

Au Maroc, la lente reconstruction un an après le séisme : reportage de Matthias Wargon

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