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Maroc : un marchand ambulant met en vente ses deux filles

Pour protester contre le harcèlement dont il s’estime victime, un marchand ambulant de fruits et légumes a voulu frapper les esprits. Il s’est rendu au marché de Taza, au Maroc, pour mettre en vente ses deux fillettes.
Article rédigé par Mohamed Berkani
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Sur la pancarte du marchand ambulant : «Vendeur de deux filles» (TFV/capture d'écran)

Ils en ont gros sur le cœur. Se retrouvant sans revenus, un couple marocain s’est rendu, le 11 mars 2015, sur la place publique de Taza pour une action choc. Le père s'est accroché autour du cou une pancarte : «Vendeur de deux petites filles.» Une foule s’est immédiatement formée autour de lui. Le marchand ambulant est en colère. Dans une vidéo partagée par le site 360.ma, le couple explique son geste désespéré.

Le père de quatre enfants met en vente deux d’entre elles «pour pouvoir faire vivre les deux autres». «Pour bien faire vivre deux personnes, il faut en vendre deux. Maintenant, je n’ai plus rien à perdre, j’en ai marre de vivre dans la peur, je veux être arrêté, qu’on en finisse», dit-il sur la vidéo.

Le vendeur ambulant. (FTV/capture d'écran)


Comment en est-il arrivé là ? Selon la presse marocaine, des policiers auraient saccagé les fruits et légumes qu’il transportait dans deux charrettes à la place du Colisée à Taza. Ce ne serait pas la première fois qu’il subit ces dommages. Ayant appris qu’il était aussi accusé d’avoir agressé un caïd (notable), il a voulu rendre publique sa situation. «Les autorités ont écrasé toute ma marchandise. J’ai réussi à garder mes deux chariots mais toute ma marchandise s’est envolée.» Et de souhaiter se faire arrêter pour mettre fin à son calvaire et à son impuissance à élever ses enfants.

L'épouse du marchand ambulant qui dit avoir «vendu ses couvertures pour acheter du lait». (FTV/capture d'écran)

Ce coup d’éclat est surtout une action médiatique. «C’est pour attirer l’attention. J’ai vendu mes couvertures pour acheter des couches et du lait. Cela fait 15 jours qu’on ne travaille pas», explique sa femme.

Les marchands ambulants ou à la sauvette ne jouissent d’aucun statut. Tolérés, ils sont aussi pourchassés par les forces de l’ordre, dénoncés par les commerçants qui leur reprochent de leur faire une concurrence déloyale en ne payant pas d'impôts. 

Pour rappel, le «Printemps arabe» avait commencé le 17 décembre 2010 en Tunisie quand Mohamed Bouazizi, marchand de fruits et légumes lui aussi, s’était immolé par le feu à Sidi Bouzid après que des policiers lui avaient confisqué sa marchandise.

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