Maroc : retour à Meknès après une longue absence pour la Grande Hiloula, le pèlerinage traditionnel juif
Le pèlerinage sur les tombes des rabbins célèbres de la ville est de retour après soixante ans d'absence. Le cimetière juif de la ville a été restauré ces dernières années.
Pour la première fois depuis soixante ans, les membres de la communauté juive marocaine ont célébré au cimetière de Meknès la Hiloula des Tsadikim, le pèlerinage sur les tombes des saints et des rabbins célèbres. L'événement a réuni des juifs venus de France, de Belgique, du Canada et d'Israël.
Réhabilitation des cimetières
La Grande Hiloula de Meknès, initiée par le Conseil des Communautés israélites du Maroc, intervient après la réhabilitation du cimetière juif de la ville érigé en 1682 mais tombé en décrépitude. Cette restauration s'inscrit dans le cadre d'un programme de réhabilitation de plus de 160 cimetières juifs du Maroc voulu par le roi Mohammed VI en 2010. Profitant de cette célébration, les membres de la communauté juive ont procédé à l’inauguration du Musée du Mellah (quartier juif).
Le secrétaire général du Conseil des Communautés israélites du Maroc, Serge Berdugo, a exprimé "sa grande émotion" d'assister à cette Hiloula, la première depuis soixante ans à Meknès. "Les mots me manquent pour décrire ce que je ressens. Mon retour tant attendu dans ma ville natale après des années d'absence est merveilleux", confie à l'AFP André Derhy, un Franco-Marocain de 86 ans, en arpentant les rues de Meknès.
Préserver une mémoire plurielle
Gilles Berdugo, un Israélien d'origine marocaine né à Meknès, a profité du pèlerinage pour retourner pour la première fois au Maroc qu'il a quitté en 1970 à l'âge de onze ans. "Je suis retourné dans mon quartier les yeux fermés. Tous mes souvenirs ont ressurgi, c'est comme si je n'avais jamais quitté ce pays", témoigne à l’AFP cet inspecteur de l'Education nationale israélienne.
Pour ses enfants, qui visitent pour la première fois le Maroc, l'expérience est "intense". "On a grandi avec les histoires de notre père et c'est comme si on a enfin retrouvé ici une pièce manquante d'un puzzle (familial)", sourit son fils Avishaï, âgé de 30 ans. Très ému, Gilles Berdugo salue de la part du Maroc "un travail exceptionnel de préservation de sa mémoire plurielle". Une démarche rare dans le monde arabe, qui mérite d'être soulignée.
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