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Maroc : les villes du royaume manquent d'eau, les réserves des barrages ne sont plus qu'à 28% de leur capacité

Et la tendance n'est pas bonne, le niveau de la nappe phréatique baisse de 2  mètres par an s’inquiète les experts.

Article rédigé par franceinfo Afrique
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Vue du barrage d'Abdelmoumen, à quelque 60 kilomètres de la ville côtière marocaine d'Agadir, le 23 octobre 2020.   (FADEL SENNA / AFP)

Le Maroc connaît actuellement la pire sécheresse de ces trois dernières décennies, avec pour conséquence des réserves d’eau en forte baisse. Selon les hydrologues "50 villes sont menacées par la soif". Comme en France, le Royaume connait actuellement des vagues de chaleur successives qui ont provoqué des incendies dans différentes provinces

Une disponibilité en eau divisée par 4

Avec 620 mètres cubes d'eau par habitant et par an, le Maroc est déjà largement sous le seuil de la pénurie d'eau, estimé par l'OMS à 1.700 m3 par habitant et par an. A titre de comparaison, la disponibilité en eau par habitant dans les années 1960 était quatre fois supérieure, à 2.600 m3.
Cela place le royaume chérifien en "situation de stress hydrique structurel", selon une analyse de la Banque mondiale sur l'économie marocaine. La croissance économique mise à mal par le Covid puis par la guerre en Ukraine sera également impactée en 2022 par la sécheresse.
Le ministre de l’Équipement et de l’eau, Nizar Baraka, a précisé que la rareté de l’eau est due au faible niveau de la nappe phréatique, qui chute de 2 à 3 mètres par an, et à la baisse du niveau de l’eau stockée dans les réservoirs, qui est passé de 9,4 milliards de mètres cubes en 2018 à 4,7 milliards de mètres cubes cette année.

Le Maroc a pourtant multiplié par dix sa capacité de stockage de l’eau entre 1960 et 2020 en construisant plus de 120 barrages. Mais à l'échelle nationale, ces ouvrages cumulent un taux de remplissage d'a peine 28%. " le niveau le plus bas depuis quatre décennies" précise Mohamed Benabou, expert en climat et développement durable, "Cinquante villes sont menacées par la soif ", déplore-t-il.

Réduire la consommation d’eau

Face à l'urgence, les autorités ont fortement rationné la consommation d'eau.
L'arrosage des espaces verts et des golfs est interdite, de même que le lavage des voitures et des rues. Les prélèvements illégaux dans des puits, des sources ou des cours d'eau sont également prohibés et punis.

"Nous sommes confrontés à une situation de stress hydrique, l’eau stockée est insuffisante, nous devons prendre soin des ressources dont nous disposons"

Moulay Ahmed Afilal, adjoint au maire de Casablanca

AP


En décembre 2021, le gouvernement marocain a approuvé un plan d’urgence qui prévoit le forage de nouveaux puits et la mise en place d’usines de dessalement d’eau de mer. Le Maroc a programmé la construction de 20 stations de dessalement d'ici 2030 qui devraient fournir une bonne partie de ses besoins en eau potable, selon le ministère de l'Equipement.


80% de l’eau va à l’agriculture

L'autre talon d'Achille du pays, c’est l’agriculture qui consomme 80% de l'eau disponible. Il faudrait rationnaliser l'usage de l'eau dans ce secteur qui représente 14% du PIB. 
Le Maroc "a triplé" ses surfaces irriguées, avec pour conséquence une consommation accrue d'eau, souvent pour rendre cultivable des zones arides. Faut-il dépenser cette eau précieuse pour cultiver des dattes ou des tomates dans le désert? L’ONG "Maroc Environnement 2050", invite pour sa part le gouvernement à rationaliser l’utilisation de l’eau dans l’agriculture et à former les petits agriculteurs. "Nous avons besoin d’une politique adaptée à l’urgence écologique actuelle…", a conseillé sa présidente Salima Belmkeddem.

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