Maroc-Espagne : les frontières terrestres rouvrent après deux ans de crise

La réouverture des frontières des deux enclaves situées dans le nord du Maroc, en face de l'Espagne, reste limitée puisqu'elle ne concerne que les détenteurs de passeports et de visas des pays de la zone Schengen.

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Une vue gĂ©nĂ©rale du cĂ´tĂ© marocain de la frontière avec l'enclave espagnole de Ceuta, Ă  Fnideq, le 17 mai 2022.  (FADEL SENNA / AFP)

Les frontières terrestres entre le Maroc et les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla ont rouvert dans la nuit du 16 au 17 mai, après plus de deux ans de fermeture due Ă  la crise du Covid-19 et une brouille diplomatique rĂ©cemment dissipĂ©e. Les grilles des seules frontières terrestres de l'Union europĂ©enne sur le continent africain se sont ouvertes peu après 23h locales (minuit Ă  l'heure espagnole et 22h GMT), laissant passer des dizaines de voitures et des files de piĂ©tons dans les deux sens. Au poste-frontière de Fnideq, les transfrontaliers ne cachent pas leur joie : des sourires Ă©clairent les visages des privilĂ©giĂ©s qui retrouvent leurs familles du cĂ´tĂ© marocain, au son des youyous, dans une ambiance festive. Toutefois, la rĂ©ouverture des frontières des deux enclaves, situĂ©es dans le nord du Maroc, en face de l'Espagne, reste limitĂ©e puisqu'elle ne concerne que les dĂ©tenteurs de passeports et de visas des pays de la zone Schengen.

Contrebande

Les transfrontaliers marocains exempts de visas pour accĂ©der Ă  Ceuta et Melilla devront encore patienter jusqu'au 31 mai pour y pĂ©nĂ©trer. En outre, les autoritĂ©s marocaines ont dĂ©cidĂ© de mettre un coup d'arrĂŞt Ă  la reprise de la contrebande, tolĂ©rĂ©e jusqu'Ă  l'automne 2019 entre Ceuta et la ville transfrontalière marocaine de Fnideq. Ce trafic irriguait l'Ă©conomie locale, mais il privait les douanes marocaines d'importantes recettes : entre six et huit milliards de dirhams (550-750 millions d'euros) chaque annĂ©e. Selon le site Ă©conomique Medias24, pour la seule annĂ©e 2017, environ 945 millions de marchandises "ont Ă©tĂ© dĂ©versĂ©es sur le Maroc".  Afin d'y mettre un terme, les autoritĂ©s de Rabat avaient fermĂ© en octobre 2019 les points de passage dĂ©diĂ©s aux porteurs de marchandises dĂ©taxĂ©es entre la ville autonome espagnole de Ceuta et le territoire marocain.

Pour pallier la fin de la contrebande, les autoritĂ©s marocaines ont inaugurĂ© en fĂ©vrier 2022 une zone d'activitĂ©s Ă©conomiques (ZAE) Ă  Fnideq. Ce projet, prĂ©voyant la crĂ©ation de plus de 1 000 emplois directs, a nĂ©cessitĂ© un investissement de 200 millions de dirhams (19 millions d'euros). 

Coronavirus et crise diplomatique

Les postes-frontières de Ceuta et Melilla ont Ă©tĂ© fermĂ©s lors de la première vague de la pandĂ©mie de coronavirus en mars 2020. Le blocage s'est prolongĂ© en raison de la crise diplomatique dĂ©clenchĂ©e il y a un an entre les deux pays voisins par leur diffĂ©rend sur le territoire disputĂ© du Sahara occidental. Madrid a mis fin Ă  ce coup de froid le 18 mars dernier après avoir opĂ©rĂ© un revirement spectaculaire et reconnu le plan d'autonomie proposĂ© par Rabat pour cette ancienne ancienne colonie espagnole. Le conflit du Sahara occidental, vaste territoire dĂ©sertique riche en phosphates et aux eaux très poissonneuses, oppose depuis des dĂ©cennies le Maroc aux indĂ©pendantistes sahraouis du Front Polisario soutenus par l'AlgĂ©rie.

"Bienvenue"

La brouille entre Rabat et Madrid, causĂ©e par l'accueil en Espagne du chef du Polisario Brahim Ghali, pris en charge dans un hĂ´pital espagnol en avril 2021 pour y ĂŞtre soignĂ© du Covid-19, avait entraĂ®nĂ© l'arrivĂ©e Ă  Ceuta en mai 2021 de plus de 10 000 migrants en 24 heures, Ă  la faveur d'un relâchement des contrĂ´les frontaliers cĂ´tĂ© marocain. La rĂ©conciliation scellĂ©e rĂ©cemment entre Madrid et Rabat a permis de relancer la coopĂ©ration bilatĂ©rale, en particulier sur les questions migratoires.

Les liaisons maritimes pour les passagers entre les deux pays voisins ont repris le 12 avril. Pendant l'Ă©tĂ©, les Marocains rĂ©sidant Ă  l'Ă©tranger se rendent dans le Royaume lors d'une opĂ©ration appelĂ©e Marhaba (Bienvenue). Et ceux qui rejoignent le Maroc en vĂ©hicule le font gĂ©nĂ©ralement Ă  partir des ports espagnols.

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