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Daech en Libye: l’Algérie ferme sa ligne aérienne aux «djihadistes marocains»

Face au «flux massif et inhabituel de ressortissants marocains à destination de la Libye», l’Algérie a décidé de suspendre ses vols commerciaux à destination de Tripoli. 200 Marocains ont été arrêtés à l’aéroport d’Alger. L’aviation civile algérienne n’a pas fourni d’explications.
Article rédigé par Mohamed Berkani
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 3min
Capture d'écran d'un Airbus A 330 d'Air Algérie  (DR)

«Après avoir informé les autorités libyennes et la compagnie Libyan Airlines, l'aviation civile algérienne a décidé de suspendre la liaison aérienne Alger-Tripoli à compter du vendredi 29 janvier 2016 et ce, jusqu'à nouvel ordre», affirme le ministère algérien des Transports. Aucune raison officielle n’a pas été fournie, mais cette suspension intervient trois jours après l’arrestation de 200 Marocains à l’aéroport d’Alger où ils se trouvaient en transit pour rejoindre la Libye.
 
Depuis 1994, date de la fermeture de la frontière terrestre entre le Maroc et l’Algérie, les ressortissants des deux pays peuvent se rendre visite sans visa… mais en avion uniquement. Les autorités algériennes redoutent que des ressortissants marocains transitent par l'Algérie pour rejoindre la Libye et aillent grossir les rangs de l'Etat islamique (Daech, ISIS).

Construction d'un mur le long de la frontière entre le Maroc et l’Algérie. (FADEL SENNA / AFP )
 
Le ministre algérien des Affaires maghrébines, de l'Union africaine et de la Ligue des Etats arabes, Abdelkader Messahel, a reçu samedi 23 janvier à Alger l'ambassadeur du Maroc pour lui faire part de ces mouvements suspects. «La question du flux massif et inhabituel de ressortissants marocains en provenance de Casablanca à destination de la Libye à travers l'Algérie, constaté ces dernières semaines, a été portée à la connaissance de l'ambassadeur du Maroc», indique un communiqué du ministère des Affaires étrangères.
 
«Ils n’avaient sur eux aucun justificatif pour se rendre en Libye. S’ils ne résident pas là-bas et qu’ils n’ont aucun papier justifiant leur déplacement en Libye pour des motifs professionnels ou familiaux, on a tout lieu de penser qu’il s’agit de candidats au djihad qui souhaitent rejoindre les rangs de l’EI», explique une source policière à El Watan.

Renforcement de la sécurité à la frontière tunisienne. (AFP/Agence Anadolu/Tassim Nassri)

La progression de l’Etat islamique en Libye oblige les pays d’Afrique du Nord à revoir leur politique sécuritaire pour aller vers une plus grande coopération. «Le contexte sécuritaire actuel particulièrement sensible impose la plus grande vigilance, il exige le renforcement de la coopération entre les pays de la sous-région, à l'instar de celle existant entre l'Algérie et la Tunisie en matière notamment de rapatriement de leurs ressortissants respectifs», ajoute le communiqué.
 
Selon diverses sources, souvent invérifiables, il y aurait environ 3.000 Tunisiens, des centaines de Marocains et quelques dizaines d’Algériens dans les rangs de Daech en Libye. Pour empêcher ses ressortissants de rejoindre Daech à Misrata et de revenir pour y commettre des attentats, la Tunisie construit un mur de 160 kilomètres le long de la frontière avec la Libye. Avec un mur d’une centaine de kilomètres, le Maroc fait de même avec l’Algérie, qui construit elle aussi des tranchées le long de sa frontière.
 
Absence de concertation. Chaque pays se barricade derrière ses frontières. Face à la menace djihadiste, l’Union du Maghreb arabe (UMA) se retrouve, une nouvelle fois, désunie, incapable de définir une politique sécuritaire régionale. 

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