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Mali : l’ONU réclame des renforts de soldats et des avions de combat.

Douze casques bleus ont été tués rien qu’au mois de mai au Mali. Les attaques meurtrières se multiplient dans le Nord dont une bonne partie échappe toujours au contrôle du pouvoir central de Bamako. Un an après l’accord de paix signé en 2015 entre le gouvernement et l’ex-rébellion touareg, l’ONU craint un blocage. Elle réclame des avions de combat et des blindés pour faire face aux groupes armés.
Article rédigé par Martin Mateso
France Télévisions
Publié Mis à jour
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Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon propose d’ajouter quelque 2.500 soldats et policiers à la Mission des Nations Unies au Mali (MINUSMA), qui compte déjà 12.000 hommes. Il réclame aussi des avions de combat et des blindés.
 
L’assassinat, en mai 2016, de douze casques bleus par des groupes armés a ramené la question du Nord Mali au cœur de l’actualité.
 
«Il est évident que la sécurité en plusieurs endroits du Mali se détériore, le personnel de l’ONU l’a payé de son sang» a déclaré le porte parole de l’ONU Stéphane Dujarric. Le conseil de sécurité doit se pencher sur la question le 29 Juin 2016.
 
«Nous parlons de forces de réaction rapide, de moyens aériens, de soldats supplémentaires spécialisés dans les convois hautement sécurisés», précise le porte-parole de Ban Ki-moon.
 
Ban Ki-moon demande notamment une force de réaction rapide de 650 soldats, une unité aérienne de 85 personnes et le déploiement de forces spéciales à Tombouctou et à Kidal pour le renseignement et la surveillance du Nord Mali. Une équipe de 30 policiers serait basée à Bamako pour soutenir cet effort.
 

Le processus de paix en panne
Le chef de la mission de l’ONU au Mali, Mahamat Saleh Annadif, a été meurtri par les attaques sanglantes subies par les casques bleus de la MINUSMA. Une mission devenue l’une des plus dangereuses au monde.
 
«On est devant un constat : l’accord de paix n’avance pas, j’ai peur qu’on n’en arrive à un point de blocage», a déclaré le représentant de l’ONU lors d’une conférence de presse à Bamako, au lendemain d’une double attaque contre la mission onusienne à Gao, la principale ville du nord du pays.
 
L’attaque, revendiquée par Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), a fait quatre morts, un casque bleu chinois et trois civils (un français et deux maliens travaillant pour l’ONU). Douze personnes ont été blessées.

Depuis 15 jours, les attaques contre l’ONU au Mali se succèdent. Le 29 mai, cinq casques bleus togolais ont péri dans une embuscade dans la région de Mopti (centre). Le 18 mai, une autre attaque avait fait six morts parmi les casques bleus tchadiens près d’Aguelhoc. Elle avait été revendiquée par le groupe djihadiste malien Ansar Dine.
 
Des zones entières échappent toujours au contrôle de Bamako
Le Nord du Mali était tombé sous la coupe de groupes djihadistes liés à Al-Qaïda en mars 2012, à la suite de la déroute de l’armée malienne face à la rébellion à dominante touareg, d’abord alliée à ces groupes qui l’ont ensuite évincée.
 
Les islamistes en ont été en grande partie chassés en 2013 grâce à une intervention militaire internationale lancée à l’initiative de la France.
 
L’accord de paix signé en mai-juin 2015 entre Bamako et l’ex-rébellion touareg, était censé isoler définitivement les djihadistes. Il n’en a rien été. Des zones entières échappent encore au contrôle des forces maliennes et internationales déployées dans la région.

«C’est le retard que connaît la mise en œuvre de l’accord de paix qui est une des causes fondamentales de cette recrudescence de l’insécurité, et ça, il ne faudrait pas qu’on se le cache», a insisté le chef de la MINUSMA.
 

Des «complices» des assaillants au sein de la population
Le représentant de l’ONU redoute la présence de complices des assaillants parmi la population. Il a donc lancé un appel aux habitants du Nord Mali pour qu’ils coopèrent avec les forces onusiennes qui assurent leur protection.
 
«Ces terroristes évoluent dans un environnement. Cet environnement est malien. Et j’ai toujours dit qu’il faut que la population malienne sente que la MINUSMA est là pour elle et qu’elle doit l’aider… Pour que ces terroristes ne puissent pas nous ramener à la situation de 2012».
 
Il y a un an, les populations du Nord-Mali avaient poussé un soupir de soulagement après la signature de l’accord de paix et de réconciliation d’Alger. Aujourd’hui, elles ont l’impression de revenir à la case départ. Les écoles restent fermées, de nombreux réfugiés croupissent toujours dans les camps et les bruits de bottes se font de nouveau entendre.
 
Au Mali, «on a l’impression que quand on fait un pas vers la paix, on en fait deux fois plus vers la guerre, tant et si bien que l’on doute parfois de la sincérité et de la bonne foi des acteurs. On se croirait face à une case de singes en chantier où pendant que les uns construisent, les autres s’emploient à détruire», écrit le journal burkinabé Le Pays qui estime que cette situation ne peut que profiter aux djihadistes.

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