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Mali : la France officialise la fin de la force européenne Takuba

L'armée française aura quitté le Mali d'ici fin août après neuf ans d'engagement. 

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Des officiers des Forces d'opérations spéciales de la marine française assistent à une formation avec les soldats maliens des FAMA dans le cadre de la Takuba, dans la base militaire malienne de Menaka, le 15 décembre 2021. (THOMAS COEX / AFP)

Paris a annoncé vendredi 1er juillet la fin de la task force Takuba au Mali, une agrégation de forces spéciales européennes, victime collatérale des tensions avec la junte au pouvoir à Bamako. Takuba, montée à grand-peine par l'ancienne ministre des Armées Florence Parly pour faire partager aux Européens le fardeau de la lutte contre les jihadistes au Sahel, a succombé aux deux coups d'Etat au Mali en août 2020 et mai 2021, à la dégradation brutale des relations franco-maliennes puis au départ cette année de la force antijihadiste française Barkhane.

"La réorganisation du dispositif militaire français au Sahel, décidée en relation étroite avec les partenaires européens et nord-américains, a conduit à la fin des opérations de la task force Takuba au Mali à compter du 30 juin."

Pascal Ianni, porte-parole de l'état-major des Armées françaises

à l'AFP

Takuba, symbole de la l'Europe de la défense chère au président français Emmanuel Macron, avait fini par rassembler une dizaine de pays européens, et jusqu'à 800 à 900 soldats d'élite. Ils étaient chargés d'aider les forces maliennes à gagner en autonomie et leur permettre de reprendre pied dans les territoires délaissés par l'Etat, face aux groupes jihadistes liés à Al-Qaïda ou au groupe Etat islamique (EI).

"Jeu politique"

Souvent dubitatifs au départ, devant obtenir l'accord de leurs Parlements respectifs, neuf pays européens avaient fini par accepter le projet (Belgique, République Tchèque, Danemark, Estonie, Hongrie, Italie, Pays-Bas, Portugal et Suède). La "pleine capacité opérationnelle" de Takuba, qui signifie "Sabre" en langue tamasheq, avait été décrétée début avril 2021. Elle aura duré moins d'un an : les opérations conjointes ont en fait cessé dès février dernier. "Outre le partage d'une appréciation de situation, des procédures communes et une fraternité d'armes ont été forgées", a salué l'état-major français. Mais Takuba n'aura pas résisté aux tensions avec Bamako. En janvier, la junte avait demandé au Danemark de retirer ses troupes tout juste arrivées mais déployées, selon elle, "sans son consentement". Copenhague avait dénoncé "un jeu politique sale".

L'ombre de Wagner

En rompant avec Paris, les militaires au pouvoir à Bamako ont aussi rompu avec leurs alliés. Ils sont accusés, même s'ils s'en défendent, d'avoir fait appel à la société privée de mercenaires russe Wagner, accusée de multiples violations des droits de l'Homme et autres trafics au Moyen-Orient et en Afrique. Le signe d'une réorientation géopolitique majeure du Mali, qui intensifie le déclassement français dans la région et met un point d'interrogation devant l'avenir de l'engagement des Européens dans la lutte antijihadiste au Sahel. L'armée française aura quitté le Mali d'ici fin août après neuf ans d'engagement. Et la Minusma, prolongée d'un an, sera privée de soutien aérien. "La reconfiguration militaire en cours dans la région pourrait compromettre les efforts antiterroristes passés", ont souligné des experts de l'ONU.

Redéploiement au Niger

"Notre transformation vers un modèle partenarial était incarné au Mali par Takuba. Mais l'opération a été percutée en pleine montée en puissance", a reconnu le général Hervé Pierre, qui supervise depuis Niamey les partenariats entre armées française et ouest-africaine. Mais "l'esprit de Takuba perdurera dans le partenariat de combat avec les Nigériens, dans une relation encore plus équilibrée". En mai, le président nigérien Mohamed Bazoum avait appelé Français et Européens à "prendre plus de risques et ne pas être hantés par les pertes" au Sahel. Il réclamait que leurs forces soient déployées "avec des capacités aériennes conséquentes, des règles d'engagement efficaces, des sacrifices, des moyens financiers, avec beaucoup plus d'hélicoptères, de bombes".

Des "discussions sont en cours" entre Paris et plusieurs pays de la région sur leurs besoins en termes d'assistance militaire, a confirmé le général Ianni, alors que la menace jihadiste s'étend vers le Golfe de Guinée.

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