La télémédecine fait sa percée en Afrique
Le principe est assez simple. Comme l’explique à Geopolis le docteur Laurent Bonnardot de Médecins Sans Frontières, «il s’agit d’améliorer la prise en charge des patients, en donnant accès aux soignants sur le terrain à un réseau de spécialistes couvrant toutes les spécialités médicales et chirurgicales».
Depuis le centre hospitalier d’Abidjan, un médecin ivoirien peut discuter le cas d’un blessé avec son confrère français installé à Paris. Le numérique lui permet d’échanger avec le chirurgien parisien et de lui envoyer des photos de son patient en vue d’une éventuelle opération.
Bientôt une application pour téléphone mobile
MSF utilise la télémédecine depuis 2009 dans plusieurs pays d’Afrique. Avec des sections opérationnelles reliées à son réseau qui assure le contact avec 350 spécialistes volontaires à travers le monde. Un système qui permet de pratiquer une médecine «sans frontières», selon le docteur Bonnardot. Au début, explique-t-il, «lorsque la couverture internet n’était pas suffisante dans certains sites, le réseau utilisait les clés USB pour transférer les données vers un site mieux connecté. Avec la technologie mobile bien implantée en Afrique, MSF travaille aujourd'hui sur une application pour téléphone mobile du système.»
D’un clic, des praticiens pourront donc envoyer une image médicale avec leurs tablettes ou leurs smartphones pour demander un avis à un collègue.
Une solution aux évacuations sanitaires inutiles et coûteuses
En Afrique de l’Ouest, le Mali a été pionnier dans ce domaine. Selon le rapport publié en juin 2013, plus de 2000 patients ont pu effectuer une échographie à distance. Plus de 1000 personnes ont passé un électrocardiogramme dans des zones reculées du pays qui n’ont ni cardiologues, ni radiologues.
La téléconsultation échographique et cardiologique a fait ses preuves. Elle est en passe de se développer un peu partout sur le continent et permet d’éviter des évacuations sanitaires inutiles et très coûteuses. 610 millions d’euros dépensées par le Bénin en 2013, selon l'agence Xinhua, qui cite des sources officielles.
Pour le docteur Bonnardot de MSF, la Télémédecine répond à un besoin qui, sans elle, ne serait pas couvert. «Obtenir en quelques heures un avis dermatologique sur un site isolé du Soudan du Sud est presqu'impossible autrement.»
Une chance pour l’Afrique? Oui, reconnaît-t-il. Mais la télémédecine ne remplace pas la relation face à face du médecin et de son patient, ni son examen clinique. Elle pallie en revanche efficacement la pénurie des spécialistes et à la déficience des infrastructures, rendant accessible aujourd'hui ce qui ne l'était pas hier.
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