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L'ex-otage Sophie Pétronin vit au Mali depuis sept mois, où elle est entrée de manière irrégulière

C'est une information de la Rédaction internationale de Radio France : libérée en octobre 2020 après quatre ans de détention dans le nord du Mali, Sophie Pétronin a regagné Bamako au mois de mars. Elle s'est lancée dans un long périple pour rejoindre sa fille adoptive.

Article rédigé par franceinfo - Olivier Poujade et Franck Mathevon - Rédaction Internationale de Radio France
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Sophie Pétronin est avec son fils Sébastien lors de sa libération à Bamako (Mali), le 9 octobre 2020. (STR / EPA / MAXPPP)

L'ex-otage franco-suisse Sophie Pétronin, libérée en octobre 2020 après quatre ans de détention dans le nord du Mali, est revenue dans le pays au mois de mars, en y entrant de manière irrégulière, selon les informations recueillies par la rédaction internationale de Radio France, mardi 2 novembre. La travailleuse humanitaire de 76 ans a insisté auprès de son fils pour regagner Bamako.

Un avis de recherche diffusé

Malgré la pression des autorités françaises pour qu’elle n’obtienne pas de visa, Sophie Pétronin s’est lancée dans un long périple terrestre pour rejoindre sa fille adoptive, six mois seulement après avoir fait partie d’un échange impliquant la remise en liberté de plus de 200 combattants jihadistes.

Elle fait désormais l'objet d'un avis de recherche, diffusé par la direction générale de la gendarmerie malienne dans la soirée du vendredi 29 octobre. La rédaction internationale de Radio France a pu authentifier cette note interne, révélant la présence de Sophie Pétronin sur le territoire malien. Elle demande à "toutes les unités" de localiser la travailleuse humanitaire française, de l’appréhender et "la conduire sous bonne escorte" à Bamako.

Un passage par le Sénégal

La rédaction internationale de Radio France est en mesure de confirmer la présence de Sophie Pétronin sur le sol malien. Selon nos informations, quelques temps après sa libération, l’ancienne otage a effectué, sans succès, des démarches pour obtenir un visa de séjour auprès des autorités maliennes. Face à ce refus systématique, elle a fini par convaincre son fils Sébastien et a actionné un plan B pour atteindre son but.

Au prétexte de vouloir prendre des vacances en Casamance (Sénégal), les Pétronin se sont enregistrés sur un vol Genève-Dakar et se sont lancés, dès leur arrivée, dans un voyage par la route qui a duré plus de trois jours. Sautant d’un bus à l’autre, agrippée à la selle de moto-taxis, Sophie Pétronin, par moments voilée, est parvenue à franchir la frontière et gagner Bamako, accompagnée de son fils. L’ex-otage s’est installée dans la capitale en mars 2021. Son fils a immédiatement informé l’imam Dicko, figure religieuse très influente au Mali, de sa présence en ville.

Sophie Pétronin avait le mal du pays

Selon nos sources, Sophie Pétronin n’a pas supporté son retour de captivité. A plusieurs reprises, la travailleuse humanitaire impliquée au Mali depuis 25 ans, a évoqué la possibilité de mettre fin à ses jours lors de réunions de famille, en présence des enfants de son fils Sébastien. L’expression de ce mal-être a rapidement détérioré ses relations avec sa belle-fille, poussant même le couple à la limite du divorce. Sophie Pétronin ne supportait apparemment pas l’atmosphère de la petite ville suisse de Porrentruy, où elle était désormais installée. Le froid, l’humidité et sa maigre pension de retraite de 750 euros lui donnaient le sentiment d’être passée d’une détention à une autre.

A 4 000 kilomètres de là, au Mali, sa fille adoptive lui manquait cruellement.
Elle s’était toujours juré de la rejoindre. Sophie Pétronin et Zenabou, 19 ans aujourd’hui, ont été séparées le 24 décembre 2016, lors de l’enlèvement de l’humanitaire par un groupe de jihadistes affilié à Al-Qaida, sans aucune possibilité de se retrouver, jusqu’en mars dernier.

Le réveil soudain des autorités maliennes

Depuis plus de sept mois, Sophie Pétronin vit donc à Bamako, auprès de Zenabou, avec l’assentiment de l’imam Dicko. Le travail accompli par l’humanitaire franco-suisse depuis 25 ans dans le pays, sans aucune distinction ethnique ou religieuse, lui a conféré une solide popularité. Difficile de croire que sa présence sur le territoire ait mis sept longs mois à filtrer auprès des autorités maliennes.

Difficile également d’expliquer pourquoi cet avis de recherche "à toutes les unités" de la gendarmerie nationale est diffusé si tardivement alors que les Pétronin sont bien passés par un poste de douane à la frontière sénégalaise. Derrière la révélation de la présence de Sophie Pétronin au Mali se joue, peut-être, une nouvelle manche du bras de fer diplomatique entre Paris et Bamako.

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