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Malawi: l'ex-présidente Banda quitte son exil pour relancer sa vie politique
L'ancienne présidente du Malawi Joyce Banda est attendue au pays, le 28 avril 2018, après quatre ans d'exil. A un an des élections législatives et présidentielle, il est question qu'elle «réorganise son parti», le Parti populaire (PP), en vue d'une possible alliance avec le parti au pouvoir, le DPP. Cependant, que devient le mandat d'arrêt qui la vise dans l'enquête sur le «Cashgate»?
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Le bruit courait que Joyce Banda, 68 ans, envisageait de mettre fin à son exil volontaire. Exhortée à rentrer «à la maison» par certains membres de son parti, du gouvernement et du public. «C'est vrai. Je peux confirmer à nos partisans et aux Malawites que l'ancienne présidente du pays, Dr. Joyce Banda, rentrera au pays samedi (28 avril)», a déclaré le 23 avril 2018 le porte-parole du Parti populaire, Nowa Chimpeni, cité dans les médias locaux. L'ancienne présidente du Malawi est attendue à l'aéroport international de Chileka à Blantyre, a-t-il précisé.
Joyce Banda va «réorganiser son parti» après quatre ans d'absence au cours desquels des membres clés du Parti démocratique progressiste (DPP, au pouvoir), dont le vice-président Uladi Mussa, ont quitté la formation, a ajouté Nowa Chimpeni. Le DPP chercherait à s'allier avec le PP pour les scrutins présidentiel et législatif de 2019.
«Abus de pouvoir et blanchiment»
En 2017, un mandat d'arrêt avait été émis contre l'ancienne présidente suspectée «d’abus de pouvoir et de blanchiment d’argent». Près de 30 millions de dollars avaient disparu des caisses de l'Etat dans l'affaire dite «Cashgate» qui avait secoué le pays en 2013, des détournements qui ont impliqué des dizaines de fonctionnaires, hommes d'affaires et dirigeants politiques. Ce scandale avait précipité sa défaite électorale en 2014: elle avait dû céder la place à Peter Mutharika, frère cadet de l'ex-président défunt, qui avait fait de la lutte contre la corruption sa priorité.
Suite à cette affaire, de nombreux donateurs internationaux avaient suspendu leur aide, un coup dur pour ce petit pays d'Afrique de l'Est, peuplé de 18 millions d'habitants, dont le budget dépend à 40% de l’aide étrangère. Depuis, l'ex-présidente avait choisi de vivre entre le Royaume-Uni, les Etats-Unis et l’Afrique du Sud.
Suite à cette affaire, de nombreux donateurs internationaux avaient suspendu leur aide, un coup dur pour ce petit pays d'Afrique de l'Est, peuplé de 18 millions d'habitants, dont le budget dépend à 40% de l’aide étrangère. Depuis, l'ex-présidente avait choisi de vivre entre le Royaume-Uni, les Etats-Unis et l’Afrique du Sud.
Le 7 avril 2012, Joyce Banda était devenue la première dirigeante d'un pays d'Afrique australe. Elle accède alors à la fonction suprême au Malawi 24 heures après la mort du chef de l'Etat Bingu wa Mutharika, dont elle était la vice-présidente. Pendant son court mandat, elle engagera «la réforme d'une économie uniquement basée sur l'agriculture», dépénalisera l'homosexualité et mènera la lutte contre la tuberculose et le sida.
Evincée du DPP, elle créée le PP
Evincée du DPP, le parti au pouvoir en 2010, pour avoir critiqué la dérive autoritaire du président Bingu wa Mutharika, Joyce Banda a fondé l'année suivante son propre mouvement, le Parti du peuple (PP), avec la ferme intention de se présenter aux élections de 2014. Le vide laissé par la défection de l'ex-présidente, qui a fait le choix de l'exil politique, a poussé d'autres cadres du PP à déserter, en 2017, leur formation politique au profit notamment du Malawi Congress Party (MCP), principal parti d'opposition, ou de l'Umodzi Party (UP) dans la perspective des élections de 2019.
Si le PP a besoin d'être réorganisé, reste à savoir si le retour de Joyce Banda, restée très populaire au Malawi, est compatible avec le mandat d'arrêt émis à son encontre par la police en 2017 bien qu'elle ait nié toute implication dans l'affaire du «Cashgate».
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