Cet article date de plus de huit ans.

La forêt de Madagascar menacée par l’agriculture

Dans l’île de Madagascar, on appelle cela le «tavy», la culture sur brûlis. Une catastrophe écologique dont est victime la forêt. Mais les paysans pauvres n’ont pas d’ autre choix pour survivre que de déboiser pour cultiver, avec toutes ses conséquences sur la ressource hydrique et l’érosion.
Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2min
80% de la forêt originelle a disparu à Madagascar. (Madaplus info)

Madagascar est une réserve de biodiversité unique au monde. On y trouve une flore et une faune uniques, où les espèces endémiques sont nombreuses. 245 espèces d’amphibiens (sur 247), 107 espèces d’oiseaux sont endémiques, rapporte le WWF. Un paradis gravement menacé par une déforestation sauvage.
 
La technique du brûlis n’est pas nouvelle à Madagascar. Elle est devenue une réponse facile au manque de terres à cultiver. Une agriculture de subsistance prospère sur les flancs des collines grignotant sans cesse la forêt primaire. «Il faut bien vivre», plaident les coupables, nullement sur la défensive. La forêt est également utile pour fabriquer du charbon de bois, indispensable pour faire la cuisine.


 
Et pourtant les conséquences du «tavy» sont nombreuses et inquiétantes. Ainsi, les montagnes ne jouent plus leur rôle de châteaux d’eau. La forêt ne retient plus l’eau et les ruisseaux sont à sec. En bas, dans la vallée, les riziculteurs constatent, amers, les dégâts sur leurs récoltes. S’il ne pleut pas, elles seront quasiment nulles. Entre 2000 et 2005, la déforestation y a été de 0,53% de la surface par an, soit une perte d’environ 50.000 hectares par an.
 
Différentes ONG tentent de renverser la tendance. Il s’agit d’inciter à replanter et à financer le reboisement des parcelles. Pour le WWF, il s’agit également de transférer la gestion des ressources aux habitants, afin de mieux les sensibiliser à la gestion de la forêt.
 
La fondation Goodplanet œuvre également sur Madagascar sur une surface de 500.000 hectares en forêt épineuse ou humide. Malgré l’instabilité politique qu’a connue le pays en 2009, l’ONG a pu restaurer 23.000 hectares de paysage, reboiser 2200 hectares destinés au bois pour le feu et la construction, et enfin créer près de 500.000 hectares de zones protégées.
 
Ainsi chaque année 550 hectares sont replantés par le gouvernement. Dans le même temps 35000 hectares disparaissent en fumée.
Ne serait-il pas trop tard pour inverser la tendance ? Un chiffre trouvé sur le site Madaplus fait froid dans le dos. L’île aurait perdu entre 80 et 90% de sa surface forestière originelle.

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