Cet article date de plus de huit ans.

La candidature de l'Arabie Saoudite embarrasse le sommet de la Francophonie

L’Arabie Saoudite veut rejoindre l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF). Ryad justifie sa candidature par ses efforts dans l’enseignement du français. Une décision difficile pour l'organisation dirigée par Michaëlle Jean, défenseure de l'égalité des sexes et des valeurs démocratiques. La demande sera examinée ce week-end à Antananarivo, où se réunit le 16e sommet de l'OIF.
Article rédigé par Michel Lachkar
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
  (GIANLUIGI GUERCIA / AFP)

Ryad met en avant son partenariat avec des universités françaises et ses efforts dans l'enseignement du français pour justifier son souhait de rejoindre la famille francophone en obtenant un statut d'observateur. Ce n’est pas la première monarchie du Golfe à frapper à la porte de l’OIF. Le Qatar a déjà le statut de membre associé. Les Emirats Arabes Unis ont celui d’observateur. Chacun veut avoir un pied dans une organisation qui représente un poids politique et diplomatique croissant.

A la demande du royaume saoudien d’obtenir le statut d'observateur, le comité chargé des adhésions a opposé un refus poli, affirmant que la candidature de Ryad devrait être reportée à plus tard. Malgré l'insistance de l'Arabie Saoudite, les représentants de l'OIF considèrent cette candidature comme "incomplète". Les violations des droits de l’Homme et l'inégalité hommes-femmes bloquent le processus.

Ryad finance en Afrique un grand nombre d’écoles coraniques et d’universités islamiques soupçonnées de diffuser une idéologie wahhabite, elle-même nourrissant des groupes salafistes et djihadistes. La candidature de l’Arabie Saoudite, également fauteur de guerre au Yemen et au Proche-Orient fait désordre.

Une requête quelque peu inattendue qui vient perturber la nouvelle image de la francophonie voulue par la secrétaire générale de l'OIF, Michaëlle Jean. 
 
Lutte contre le terrorisme
La trentaine de chefs d’Etats attendus samedi dans la capitale malgache pour le 16e sommet de la Francophonie trancheront. Un sommet qui doit consacrer la montée d'une francophonie économique, mais qui, rattrapée par l’actualité, a aussi mis à son ordre du jour la crise des réfugiés et la lutte contre le terrorisme.

Paris, Ouagadougou, Niamey, Bamako, Gran Bassam : les pays francophones sont également «durement frappés par la menace terroriste. Mais nous devons faire front. Nous ne pouvons pas baisser les bras chacun dans son deuil national », plaide Michaelle Jean, la secrétaire générale de l’organisation.


Pays membres de l'Organisation International de la Francophonie (2008) (documentation française)

Autre thème à l’ordre du jour la crise des réfugiés, les pays francophones étant à la fois des pays de départ, de transit et d’accueil des réfugiés.

 L'OIF prône une solidarité francophone plus active, devant aider à apaiser les conflits qui ensanglantent trop souvent le Proche Orient et l’Afrique. L'immigration économique n'est pas oubliée. La «francophonie économique et numérique» peut également aider à créer plus d’emplois pour les millions de jeunes Africains qui arrivent chaque année sur le marché du travail, et qui pourraient être tentés par la tragédie migratoire. 

Crises politiques : sujet sensible
D’autres sujets délicats, relatifs aux élections en Afrique, en République démocratique du Congo par exemple, seront sur la table. Alors que des voix s’élèvent pour que l’Organisation internationale de la Francophonie reste loin de ces questions politiques et sécuritaires, elles sont pour la secrétaire générale Michaëlle Jean au contraire inévitables.

Si certains pensent que l'OIF ne doit pas aborder ces sujets sensibles, Louis Hamann, porte parole de Michaëlle Jean, soutient le contraire. «La situation sécuritaire dans certains des pays francophones reste préoccupante. Sans sécurité, il ne peut y avoir de stabilité politique, il ne peut pas y avoir de développement économique et donc tout ce que cherche à faire l'OIF dans le cadre de ses actions ne peut être possible sans une situation sécuritaire assurée».

Une volonté très ambitieuse pour l'OIF, alors que l'Union Africaine reste très silencieuse sur ces questions. La victoire de Donald Trump aux Etats-Unis a également été reçue comme un bon signal par les réfractaires aux élections démocratiques. 
 

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.