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Coronavirus : polémique à Madagascar sur un diagnostic de faux positifs au virus

De faux cas positifs dans la procédure des tests de l'Institut Pasteur de Madagascar alimentent une rumeur de complot contre l'île.

Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Des habitants d'Antananarivo, la capitale de Madagascar, attendent d'être testés au Covid-19, le 3 avril 2020. (RIJASOLO / AFP)

La polémique enfle à Madagascar, après que l'Institut Pasteur (IPM) de l'île a annoncé à tort, le 6 mai dernier, 67 nouveaux cas de Covid-19 en une seule journée. Un chiffre annonciateur d'une explosion de la maladie dans un pays relativement épargné jusqu'ici avec un peu plus de 300 cas. Aussi, une contre-expertise a été menée dans la foulée qui infirme les premiers tests. Il n'y a en fait que cinq cas positifs.

Tout ceci ne serait qu'un incident de parcours malheureux si l'affaire ne se déroulait à Madagascar. Car le pays ne cesse de faire la promotion de son remède contre l'épidémie, le fameux Covid-Organics. Un remède dont les instances sanitaires mondiales doutent de l'efficacité. Dans une interview accordée à France 24 le 10 mai dernier, le président malgache Andry Rajoelina revient à la charge.

Madagascar stigmatisée ?

"Si c’était un pays européen qui avait découvert ce remède, est-ce qu'il y aurait autant de doutes ? Je ne pense pas. (…) Le problème, c'est que cela vient d’Afrique. Et on ne peut pas accepter qu’un pays comme Madagascar, qui est le 163e pays le plus pauvre du monde, ait mis en place cette formule pour sauver le monde."

Alors, avec cette affaire de faux positifs, la suspicion gagne la presse et l'opinion publique, bien au-delà de la Grande Île. "Au vu des scandales qui s’enchaînent, force est de remettre en cause tous les résultats des tests de contamination au nouveau coronavirus réalisés par la chaîne des Instituts Pasteur", réclame le site Afrik.com.

Il y aurait, selon certains, une volonté orchestrée de manipuler les chiffres pour gonfler le nombre de positifs. Madagascar apparaîtrait ainsi, malgré son remède Covid-Organics, comme n'étant pas plus à l'abri qu'un autre pays.

Le président Andry Rajoelina a parlé, dans une allocution télévisée le 17 mai"d'une situation inacceptable, qu'elle provienne d'une erreur humaine ou qu'elle soit issue d'un acte délibéré." Ainsi donc, le président lui-même ne ferme pas la porte à la polémique et à la théorie du complot.

Du côté de l'Institut Pasteur de Madagascar, on refuse toute responsabilité dans l'affaire des faux-positifs. L'IPM a ordonné une investigation en interne. "Cette investigation n’a démontré aucune défaillance dans les processus d’analyses effectuées", explique l'Institut dans un communiqué. Une piste est envisagée : la contamination en amont, lors des prélèvements ou du transport des échantillons, du fait de la présence d'un prélèvement "à la charge virale extrêmement élevée".

Un incident exploité ?

Dans une interview accordée au journal Le Monde, André Spiegel, le directeur de l'Institut Pasteur de Madagascar revient sur l'affaire. "Mes équipes ont été profondément meurtries par la mise en cause publique du gouvernement. Je comprends que les autorités demandent une contre-enquête, mais cela aurait pu être fait de façon plus confidentielle et sereine. Nous avons été poussés malgré nous sur le devant de la scène."

Or sur l'île, la situation sanitaire se dégrade. Le 17 mai, Madagascar a connu son premier décès. Mais surtout, le nombre de personnes infectées monte en flèche : 27 nouveaux cas pour cette même journée. Le président Andry Rajoelina a reconnu un relâchement de la population et prolongé de 15 jours l'urgence sanitaire.

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