Madagascar : l'armée se range derrière l'opposition
Alors que la France a demandé l'instauration d'un "dialogue conforme à l'Etat de droit" à Madagascar, une forte explosion et des tirs ont été entendus dans le centre de la capitale Antananarivo. Deux chars ont pénétré de force lundi dans l'enceinte du palais présidentiel. Des soldats ont pris position autour du palais. Le président Marc Ravalomanana, dont l'ancien maire de la capitale, Andry Rajoelina réclame l'arrestation, ne se trouvait pas sur place. Il a trouvé refuge dans un autre palais, situé à une dizaine de kilomètres de la capitale.
Plus tôt dans la journée, le chef de l'opposition malgache, Andry Rajoelina avait déclaré à la presse refuser un référendum pour régler la crise, comme proposé par le chef de l'Etat. "Il n'y aura pas de référendum et nous allons mettre en place le gouvernement de transition", a-t-il réaffirmé, ajoutant : "c'est le peuple qui donne le pouvoir et c'est le peuple qui le reprend".
Lors d'une manifestation organisée aujourd’hui sur une place d'Antananarivo, un collaborateur d'Andry Rajoelina, que ce dernier appelle son ministre de la Justice, a affirmé que Marc Ravalomanana devrait être arrêté. Le chef de l'opposition, 34 ans, a alors déclaré: ''J'appelle l'armée et la police (...) à exécuter l'ordre du ministre de la Justice, parce que Andry Rajoelina est pressé d'entrer dans ses fonctions''. Marc Ravalomanana, accusé par l'opposition de gaspiller les fonds publics et porter atteinte à la démocratie, a de son côté une nouvelle fois exclu lundi de démissionner.
Le commandant de la gendarmerie, le général Gilbain Pily, a déclaré n'avoir "pas encore été informé" d'un mandat d'arrêt, sans donner plus de détails. De son côté, le chef d'état-major de l'armée, le colonel André Andriarijaona, a estimé que l'exécution de ce mandat d'arrêt "était du ressort de la gendarmerie et de la police" et non de l'armée. L'armée a fait savoir dimanche qu'elle souhaitait rester en dehors de la crise politique et que sa première priorité était de rétablir l'ordre, selon un de ses porte-parole. Mais le nouveau chef autoproclamé des forces armées est considéré comme un pro-Rajoelina.
Le président de 49 ans apparaît de plus en plus isolé, ayant semble-t-il perdu le soutien d'une grande partie de l'armée qui lui reproche d'avoir ordonné aux soldats de tirer sur des manifestants. Plus d'une centaine de personnes sont mortes dans des violences à Madagascar depuis le début de la crise le 26 janvier.
Caroline Caldier, avec agences
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