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Lutte contre l'immigration:Tripoli avec les moyens du bord
Tripoli, du moins le gouvernement non reconnu qui dirige l'ouest de la Libye, montre sa bonne volonté dans la lutte contre l'immigration clandestine. Mais pour être plus efficace, il faut d'avantage de moyens, et les milices se tournent vers l'Union européenne.
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Dans ce pays où règne le chaos, l’image fait sourire. La seule vedette des gardes-côtes libyens, héritage de l’ancien régime, est amarrée dans l’attente d’une hypothétique mission.
Le responsable du service Anouar Al Atouchi, n’entretient pas l’illusion du reste. Il reconnait bien volontiers la faiblesse de ses moyens. Un bateau donc, souvent en panne, et quinze hommes pour surveiller 70 km de côtes autour de Zouara, principal port de départ des migrants, à quelques kilomètres de la frontière tunisienne.
La situation n’est pas meilleure sur le reste des 1770 km de côtes libyennes. Pour la région centre, il y a bien deux bateaux, mais il en faudrait dix !
Il est clair que dans ce pays, dirigé par deux gouvernements et miné par la violence, les préoccupations sont autres.
Les gardes-côtes parviennent tout de même à réaliser certaines interceptions. Le 6 mai ils ont ainsi bloqué un chalutier transportant près de 600 migrants. Une façon de montrer la bonne volonté des milices qui règnent à Tripoli.
Le gouvernement de Tripoli (non reconnu par la communauté internationale) veut bien prendre sa part de la lutte contre l’immigration clandestine, mais il réclame des moyens de la part de l’Union européenne.
Mohammed Abdelsalam Al-Qoueri, le responsable de la lutte contre l’immigration clandestine a indiqué que 7000 migrants sont retenus dans 16 centres de rétention à Tripoli et Misrata. Selon Al Atouchi, le pays n’a plus les moyens de renvoyer chez eux les migrants, contrairement à ce qu’il faisait en 2014. A l’époque, «25.251 migrants ont été renvoyés, mais depuis le début de cette année seuls, 1615 l’ont été ».
Des appels à l’aide qui ne sont pas nouveaux. L’an dernier le ministre libyen de l’Intérieur, Saleh Maze, menaçait de faciliter le départ des clandestins si l’Europe n’apportait pas d’aide. En 2010, Mouammar Kadhafi exerçait le même chantage et réclamait cinq milliards d’euros pour stopper la migration depuis la Libye.
Selon l’ONU, 110.000 migrants sont passés par la Libye en 2014. Aider Tripoli soulagerait l’Italie débordée par l’afflux de migrants. Il ne faut pas croire pour autant que cela stoppera l’immigration clandestine qui trouvera d’autres voies.
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