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Libye, des femmes militantes réduites au silence par les armes

Dernière victime en date, l’avocate Hanane al-Barassi, tuée en pleine rue à Benghazi, dans l’est du pays.

Article rédigé par Eléonore Abou Ez
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Une femme brandissant le portrait l'avocate et militante des droits humains Salwa Bugaighis, assassinée chez elle le 25 juin 2014. Benghazi, le 27 juin 2014. (ESAM OMRAN AL-FETORI / X02867)

L’assassinat le 10 novembre d'Hanane al-Barassi, a créé un choc en Libye. L’avocate engagée a été abattue dans sa voiture en plein jour à Benghazi, dans l’Est libyen. Ce n’est pas le premier crime du genre. Avant elle, quatre autres militantes des droits humains ont été tuées dans un climat de totale impunité.

Une mort programmée

Figure médiatique en Libye, Hanane al-Barassi, 46 ans, défendait haut et fort les droits des femmes. Très active sur les réseaux sociaux, elle dénonçait les violences faites aux femmes et leur donnait souvent la parole. Cette avocate engagée critiquait aussi la corruption qui gangrène son pays. La veille de sa mort, elle avait promis des révélations sur le fils de Khalifa Haftar, homme fort de l’Est libyen. Elle se savait menacée et l’avait dit explicitement dans une vidéo live (en direct) sur Facebook quelques minutes avant sa mort, comme le souligne l’AFP. La France, L’ONU et plusieurs ONG locales et internationales, comme Human Rights Watch ou Amnesty  ont condamné ce crime et demandé que justice soit faite.

L'assassinat de Hanane al-Barassi met en évidence la menace qui pèse sur la vie des femmes qui s'expriment sur les questions politiques en Libye

Amnesty international

Des femmes ciblées

Plusieurs voix de femmes activistes se sont ainsi tues en Libye. En juillet 2019, la députée Siham Sergiwa a été enlevée à son domicile à Benghazi. Parlementaire réputée pour ses prises de position courageuses, elle avait critiqué l’offensive lancée par le maréchal Haftar sur Tripoli, capitale sous le contrôle du Gouvernement d'union nationale (GNA) reconnu par les Nations unies. Aucune enquête n’a été ouverte et le sort de la parlementaire reste inconnu à ce jour.

Cette banalisation de la violence inquiète particulièrement l’association d’avocats LFJL (Lawyers for justice in Libya) dirigée par une femme. Elle rappelle que cinq militantes des droits humains ont disparu depuis 2014 parmi lesquelles, l’avocate Salwa Bugaighis, la députée Fariha Al-Berkawi et l’activiste Entisar el Hassari. 

Les disparitions forcées, les assassinats d'activistes, de juges et de journalistes, se poursuivront tant qu’il n'y aura pas d'enquêtes efficaces, indépendantes et impartiales

LFJL, Association d'avocats libyens

La Libye a sombré dans le chaos après le renversement du régime de Mouammar Kadhafi en 2011. Le pays est depuis déchiré entre le Gouvernement d'union nationale (GNA) basé dans l'Ouest à Tripoli, reconnu par l'ONU, et un pouvoir incarné par Khalifa Haftar dans l’Est.

Un cessez-le-feu permanent a été conclu en octobre 2020. Des représentants libyens de tous bords sont en pourparlers directs, sous l'égide de l'ONU, pour trouver un règlement politique au conflit. 

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