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Le général Sissi enfin fréquentable?

Le président égyptien Abdel Fatah al-Sissi est en train de réussir son pari. Boudé par de nombreuses capitales après le renversement du président islamiste démocratiquement élu, Mohamed Morsi, le maréchal reçoit des soutiens en rafale.
Article rédigé par Mohamed Berkani
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Le président égyptien al-Sissi et ses généraux le 25 octobre 2014  (Présidence égyptienne/AFP)

Après l’Egypte, la sissimania gagnerait-elle le monde ? Le maréchal-président est revenu de loin. Au lendemain du renversement du président Mohamed Morsi, les soutiens internationaux se comptaient sur le doigt d’une main. Le 3 juillet 2013, après plusieurs semaines de manifestations de défiance au président islamiste, le général annonce la suspension de la Constitution et met aux arrêts le successeur de Hosni Moubarak.

Si une bonne partie de la population égyptienne applaudit le putsch, les chancelleries étrangères, à l’exception notable de l’Arabie Saoudite, ne cachent pas leur méfiance. Un an plus tard, le 28 mars 2014, il remporte la présidentielle avec 96% des suffrages dans un scrutin marqué par des fraudes massives.

#AA Al-Sissi et Hollande appellent à une réunion du Conseil de Sécurité de l'#ONU concernant l'#EIIL . #Egypte http://t.co/CWJto9lJsY


 L’exemple algérien
Pour son premier voyage, le nouveau président égyptien fraîchement élu choisit l’Algérie, un pays qui avait connu le même cheminement avec l’arrêt du processus électoral en 1991 après une victoire écrasante des islamistes du Front islamique du salut (FIS). Alger s’est montrée plus que compréhensive à son égard. 

Depuis, Abdel Fatah al-Sissi (lien en arabe) s’échine à rompre l’isolement de son pays sur le plan international en maintenant une répression continue sur son opposition, aussi bien démocratique qu’islamiste. La brouille avec l’allié historique et pourvoyeur de fonds, les Etats-Unis, ne s’est jamais totalement estompée. Entre Barak Obama et Abdel Fatah al-Sissi, c’est la paix froide.


 
Le chaos libyen
Le président a revêtu son uniforme de chef des armées, après l’exécution de 21 coptes égyptiens en Libye par l’organisation Daech. Dans une allocution télévisée, Abdel Fatah al-Sisi assure d’un ton martial que son pays «se réserve le droit de répliquer de la manière et au moment adéquat». Résultat : ce lundi 16 février, des avions de chasse égyptiens bombardent des positions de Daech en Libye, faisant une quarantaine de morts selon Nile TV.

#ISIS posts a video of the beheading of Egyptian copts in #Libya. pic.twitter.com/hXIkst5OFK  
Cette position éradicatrice (lien en arabe) finit par séduire les plus récalcitrants : le président al-Sissi engrange des soutiens par rafales. Il entend intervenir en Libye, si besoin est, sans passer par un quelconque aval international. Les deux bailleurs de fonds de l’Egypte lui ont emboîté le pas. L’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis disent mettre tous leurs moyens au service du Caire. Les Emirats avaient mené en 2014, depuis le territoire égyptien, des raids aériens en Libye dans une tentative d'empêcher la chute de Tripoli aux mains de  milices islamistes.

 
Soutiens en rafale
Le président égyptien serait-il devenu soudainement fréquentable ? Alarmée par l’avancée des jihadistes en Libye, l’Italie se dit prête à envoyer 5 000 soldats. Côté français, les autorités ne voient pas d’un mauvais œil une coopération militaire avec Le Caire. «Aujourd'hui preuve est faite qu'il y a des centres d'entraînement et des actions spécifiques de Daech en Libye. La Libye, c'est de l'autre côté de la Méditerranée, c'est très proche de nous, d'où la nécessité d'être très vigilant et d'être allié avec les pays de la coalition, comme l'est l'Égypte», affirme le ministre français de la Défense, Jean-Yves le Drian, parti au Caire pour signer un contrat d'armement de plus de 5 milliards d'euros, dont 24 avions Rafale. 
 
Signe que le président al-Sissi n’est plus en quarantaine, Washington va recevoir le chef de la diplomatie égyptienne qui entend plaider pour une «intervention ferme » en Libye. 

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