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En Libye, l'affrontement autour du pétrole pourrait profiter au général Haftar

La guerre ne cesse jamais en Libye. Alors que la bataille contre les forces de l’Etat Islamique semble en voie d’être gagnée dans la région de Syrte, les combats redoublent dans la région pétrolière de Ras Lanouf entre les hommes du «gouvernement d’union nationale» et ceux du général Khalifa Haftar.
Article rédigé par Pierre Magnan
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2min
8 Janvier 2016: épaisse fumée provenant d'un réservoir de pétrole après un incendie au terminal pétrolier Al-Sidra, près de Ras Lanouf, le long de la côte Nord de la Libye. La zone pétrolière est disputée entre les deux pouvoirs, celui de l'Est et celui de l'Ouest. (STRINGER / AFP)

Les forces de Khalifa Haftar, liées aux autorités non reconnues basées dans l'Est du pays, se sont emparées dans la semaine des quatre terminaux de la région du «Croissant pétrolier» (nord-est): Zoueitina, Brega, Ras Lanouf et Al-Sedra.
 
Ces ports étaient jusqu'à récemment contrôlés par les GIP, une milice de l'Est ayant prêté allégeance au gouvernement d'union basé à Tripoli et reconnu par la communauté internationale. Ces «gardes des installations pétrolières» menaient dimanche 18 septembre des attaques pour tenter de reprendre les installations pétrolières.
 
Symbole de la complexité de la situation, la Compagnie nationale du pétrole (NOC) a dit qu'elle restait loyale au GNA (gouvernement d'union, reconnu par l'ONU), tout en ajoutant qu'elle appliquait «les instructions données par le Parlement» basé dans l'Est fidèle aux autorités parallèles.
 
La NOC a affirmé que les recette pétrolières iraient dans les caisses de la banque centrale, tenue par le GNA…mais rien n’est moins sur. « La situation en Libye  est parfois un peu dure à suivre, et il y a eu des faux départs auparavant, donc l'annonce de la NOC pourrait être prise avec des pincettes par les investisseurs », relativisait un expert pétrolier, Olivier Jakob, de Petromatrix, cité par l’AFP.
 
Le GNA de Fayaz Al Saraj, installé en mars à Tripoli mais qui peine à asseoir son autorité sur l'ensemble du pays, a été créé en vertu d'un accord signé fin 2015 sous l'égide de l'ONU et qui consacrait la mise à l'écart du général Haftar. Mais sur le terrain, les choses se sont montrées plus complexes et l'autorité du GAN a du mal à s'imposer. Surtout qu'il se montre parfois divisé. C'est ainsi que deux vice- Premiers ministres du GNA ont soutenue l’offensive de M.Haftar sur la région des exportations pétrolières.
 
La poussée du général, proche de l’Egypte, ancien militaire favori de Khadafi, devenu très proche des Américains, aidé dans son ascension par les occidentaux (quatre agents français ont été tués),  pourrait modifier le regard international sur l’accord de 2015 et redonner des cartes au militaire. Avec la prise des terminaux pétroliers, il pourrait se présenter comme le symbole d'une nouvelle stabilité. 
 
Ces combats illustrent les profondes divisions qui subsistent entre factions rivales dans l’ex-pays de Mouammar Khadafi, cinq ans après l’intervention des forces internationales pour le renverser.

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