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Comment la crise libyenne influe sur le cours du pétrole

Le prix du baril de pétrole repart à la hausse. En cause, l’offensive du gouvernement d’union national libyen, dimanche 18 septembre, pour reprendre le contrôle du Croissant pétrolier, au nord-est du pays. Ce territoire était jusque là occupé par l'armée dissidente du général Haftar.
Article rédigé par Lucile André
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye connaît une instabilité du pouvoir politique revendiqué par deux autorités : le gouvernement d'union nationale (GNA) reconnu par l'ONU, et l'armée nationale libyenne dirigée par le général Khalifa Haftar. 
Photo: cuves de pétrole au terminal de Zueitina, à l'Est de la Libye. (ABDULLAH DOMA / AFP)

Le mois de septembre a connu un net recul du cours du pétrole, expliqué par une surproduction du marché et une demande mondiale stagnante.
Mais la reprise des combats en Libye a provoqué une hausse des prix. Au 19 septembre, le baril est monté à 44,20 dollars (contre 40 dollars début août), soit presque 40 euros.

L’or noir au centre des velléités
Les forces pro-gouvernementales libyennes (GNA), soutenues par les Nations Unies, ont lancé une offensive contre l’Armée nationale libyenne (ANL), dimanche 18 septembre. L’attaque a permis de reprendre le Croissant pétrolier, région à l'est du pays, où transite la moitié du pétrole brut exporté. Cette zone qui possède quatre terminaux, Zoueitina, Brega, Ras Lanouf et Al-Sedra, était tombée aux mains du chef de l’ANL Khalifa Haftar une semaine auparavant.  
Au cours de ces affrontements, un réservoir a pris feu dans le terminal d'As-Sidra, a indiqué la Compagnie nationale du pétrole (NOC).

La Libye produit environ 200 000 barils chaque jour, contre 1.3 millions avant la révolution, selon la radio RFI. (Géopolis)
La situation confuse a des conséquences économiques directes, explique à l'AFP Bjarne Schieldrop, responsable des analyses de SEB Markets. «La reprise des combats en Libye montre que le rebond des exportations de brut ne se fera pas de lui-même, comme nous avons déjà pu le voir maintes fois.»

Dans un pays aussi instable politiquement, le contrôle de l’or noir est crucial pour les deux autorités concurrentes, qui souhaitent chacune asseoir leur légitimité.

L'ambassadeur du Royaume Uni en Libye, Peter Millett, a déclaré dans un tweet que «la reprise des combats autour des installations du Croissant pétrolier est mauvaise pour l'avenir de l'économie libyenne». Il invite les Libyens à «résoudre leur différends par le dialogue».

1/2: Further fighting around oil crescent installations is bad for future of Libya's economy. Better to resolve differences by dialogue.
Un accord entre pays producteurs de pétrole
Par ailleurs, le chef d’Etat du Venezuela Nicolas Maduro a évoqué la possibilité d’un accord entre les pays producteurs de pétrole, membre de l’Opep ou non, sur le gel de l’offre. Un tel accord permettrait de stabiliser le coût de l’hydrocarbure au prix fort.
Après s’être entretenu avec son homologue iranien, le président vénézuélien a déclaré que l'Iran était prête à «contribuer de façon nécessaire, juste et partagée à la stabilisation des prix».
Le président vénézuélien Nicolas Maduro a annoncé un possible accord entre les pays producteurs de pétrole, pour stabiliser le prix du baril. (CARLOS BECERRA / ANADOLU AGENCY)

L’Arabie Saoudite à contre-courant
Une hausse des prix du pétrole est vitale pour l’économie vénézuélienne, dont l’inflation est attendue à 720% cette année, d’après le FMI.

Si la majorité des pays producteurs s’entendent sur une stabilisation des prix, l’Arabie Saoudite, au contraire, ne souhaite pas de gel de la production, pour laisser le marché fluctuer librement.
Ces entretiens sur le cours du brut interviennent moins d’une semaine avant le forum international de l’énergie en Algérie du 26 au 28 septembre.

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