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Les «petits rois africains» : peu de pouvoir mais une grande influence
La mort du roi d’Abomey au Bénin, Agoli Agbo, et les problèmes de sa succession, remettent en lumière la puissance de ces rois d’Afrique. Héritiers de grandes lignées historiques, ils n’ont aujourd’hui plus aucun rôle politique. Sauf que leur influence reste considérable. Riches et puissants, les hommes politiques ont souvent besoin de leur appui pour accéder au pouvoir.
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Aujourd’hui, il demeure trois monarchies constitutionnelles en Afrique. La plus importante est le Maroc bien sûr. On compte également le Lesotho, enclavé en Afrique du sud et le Swaziland, monarchie absolue coincée entre Mozambique et Afrique du Sud.
Mais il existe un très grand nombre d’autres royaumes, héritiers de la riche histoire du continent. Des rois dont le pouvoir politique au plan national est nul. Pour autant, ils n’ont perdu ni de leur richesse, ni surtout de leur influence. Dans leur petit royaume, ces rois sont souvent élevés au rang de divinité. La dévotion de leurs sujets est telle, que les paroles royales sont respectées comme les Evangiles.
«Les chefs d‘états savent qu’il est préférable de ne pas les négliger, ni négliger l’influence morale et culturelle importante que certains ont sur leurs communautés locales» écrit Africanews.
Le site internet Slate va encore plus loin. «Dans les pays africains où la royauté et les chefferies traditionnelles sont influentes, il suffit de s’attirer les faveurs de ces institutions traditionnelles pour remporter des élections sans coup férir. Cela fausse évidemment le jeu et complique davantage l’apprentissage de la culture démocratique».
Déni de démocratie?
Blaise Compaoré, l’ancien chef d’Etat burkinabè allait ainsi chercher le soutien des rois et chefs locaux. Le président du Cameroun, Paul Biya, agirait de la même façon, toujours selon Slate.
Considérant l’influence de ses hobereaux locaux, les hommes politiques ont intérêt à entrer dans leurs bonnes grâces. Et cela a un nom : la corruption.
Royaumes d’opérette, la tradition folklorique semble leur unique raison d’être. Ainsi, les rois paraissent en tenue d’apparat lors de grandes fêtes. Ainsi chaque année, Mswati III monarque absolu du Swaziland, fait la une des journaux pour la fête des roseaux. Il peut y choisir une nouvelle épouse parmi de jeunes vierges.
Des hommes d'influence
Mais derrière ce folklore, il y a des hommes riches et puissants. C’est le cas du roi Otumfuo Osei Tutu du royaume ashanti au Ghana. Il est considéré comme l’un des cinq rois les plus riches d’Afrique par le magazine Forbes qui estime sa fortune à plus de 10 millions de dollars.
Leur poids politique n’est pas négligeable non plus. Prenons Godefroid Munongo Jr, roi des Bayeke, son royaume s’étend sur tout le Katanga, riche province du Congo. Non content d’être roi, il a été successivement député national puis provincial avant d’être élu sénateur en 2007. Il est aussi, nous dit-on, un homme d’affaires avisé. Dans la série «Les routes de l’impossible» sur France 5, on le voit en pleine audience, répondre aux doléances de ses sujets et distribuer…des petits billets.
On comprend mieux pourquoi la succession du roi d’Abomey au Bénin s’annonce compliquée. Selon le Monde, «trois lignées sont habilitées à occuper ce trône, et pour l’instant personne ne souhaite se prononcer sur la désignation du futur roi». Au-delà du rôle symbolique, il y a pas mal d’argent à se faire.
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