Les Ivoiriens ont voté, pour la première fois depuis 10 ans

C’est la première élection présidentielle en Côte d'Ivoire depuis 10 ans. Près de 6 millions d'électeurs étaient appelés aux urnes aujourd’hui pour le premier tour de ce scrutin historique, repoussé à six reprises depuis 2005. Quatorze candidats étaient en lice, dont le président sortant Laurent Gbagbo, l'ancien président Henri Konan Bédié et l'ex-Premier ministre Alassane Ouattara (voir notre article associé).

Les 20.000 bureaux de vote du pays ont fermé un peu avant 18h30 (heure française). Certains d’entre eux avaient ouvert parfois avec
retard ou dans la confusion ce matin, soit que les membres du bureau de vote étaient arrivés au dernier moment, soit encore qu’il manquait du matériel électoral (voir notre article associé). Conséquence, certains Ivoiriens ont dû patienter plusieurs heures dans des queues interminables avant de pouvoir voter. Mais ils ont pu le faire partout, y compris dans l'ancienne "capitale" rebelle de Bouaké au nord. L’important "c’est que tous les électeurs qui le souhaitent puissent voter, qu’à la fin du scrutin le dépouillement soit correct et que bien-sûr les résultats soient acceptés par les différents candidats en lice", explique sur France info Cristian Dan Pedra, le chef des observateurs de la mission européenne en Côte d'ivoire.

Le scrutin est également observé par des représentants de la société civile qui, pour l'instant, n'ont pas le droit de s'exprimer officiellement. Mais déjà, les observateurs font état d'une forte participation, et surtout d'un calme remarquable, dont se sont d'ailleurs félicités les trois ténors de la politique ivoirienne. "Je suis heureux qu'aujourd'hui, ce vote se déroule normalement", a ainsi déclaré le chef de l'Etat sortant. "Les élections se déroulent dans le calme. Nous sommes satisfaits", avait auparavant dit Henri Konan Bédié, qui porte les couleurs du PDCI de feu Félix Houphouët-Boigny. "Bien entendu, nous demandons que cela se passe dans la paix et que cela conduise également au changement dont les Ivoiriens ont tant besoin ', a pour sa part déclaré Alassane Ouattara, surnommé "ADO" par ses compatriotes.

Des incidents ont en revanche été signalés en marge du vote des ivoiriens de France, en région parisienne. Des urnes ont été saccagées, des bureaux de vote ont même dû être fermés à Sevran, Saint Denis, Aubervilliers, Nanterre, ainsi qu'à Paris. Il y avait 19 bureaux de vote installés au total en Ile-de-France pour permettre aux Ivoiriens résidant dans l'hexagone de voter. Ils sont 10.000 en région parisienne.

Ce scrutin est censé mettre fin à la crise née du putsch manqué de 2002 et à la séparation du pays en deux parties. Les résultats préliminaires seront annoncés dans les trois jours, probablement pas avant mercredi, et le décompte des voix risque d'être très contesté. Si aucun candidat n'est élu dès le premier tour, un second tour est prévu le 28 novembre.

Cécile Mimaut, avec agences