Les contrats pétroliers libyens sous surveillance
Les autorités libyennes et américaines ont demandé aux compagnies opérant dans le pays de leur fournir des documents concernant leurs activités sous le régime Kadhafi et depuis la révolution.
Les grandes compagnies pétrolières ont-elles eu recours à des pratiques illégales pour accéder au pétrole libyen ? Les réserves pétrolières du pays, les plus importantes d'Afrique selon l'Energy Information Administration (l'agence d'information sur l'énergie américaine), ont toujours éveillé la convoitise des pétroliers. Selon le Wall Street Journal du dimanche 8 avril, ces derniers font aujourd'hui l'objet d'une enquête des autorités libyennes et américaines.
Le parquet général libyen enquête sur de possibles "irrégularités financières" commises par des "acteurs étrangers et libyens en Libye", selon Abdelmajid Saad, procureur général adjoint, cité dimanche par le journal. Les contrats passés avec l'Etat libyen sous le régime Kadhafi, mais aussi depuis la révolution, sont passés en revue.
• Qui mène l'enquête ?
Le parquet général libyen a demandé par courrier au mois de mars au responsable de l'audit à la compagnie nationale du pétrole (NOC) de lui fournir divers documents, selon le journal. Un responsable de la NOC a confirmé au Wall Street Journal qu'une enquête visait la société, assurant qu'elle avait remis tous les documents requis "conformément à la loi".
De leur côté, les autorités américaines mènent également l'enquête. La Security Exchange Commission (SEC), chargée de veiller au respect des lois régissant les activités des entreprises, a adressé des demandes de documentation à plusieurs opérateurs.
• Quelles compagnies sont concernées ?
Selon le Wall Street Journal, l'enquête libyenne concerne plusieurs entreprises du secteur pétrolier, dont l'Italien Eni, principal opérateur pétrolier étranger en Libye, et le Français Total, mais aussi les spécialistes des matières premières Glencore International et Vitol Group.
Total et Eni sont également concernées par l'enquête américaine, ainsi que l'Américain Marathon Oil Corp.
• Quels sont les soupçons des autorités ?
Dans sa déclaration annuelle à la SEC, Eni a indiqué que l'enquête américaine concernait une période allant de 2008 à début 2011 et portait sur "certains versements illicites à des officiels libyens, qui pourraient violer la loi américaine sur la corruption à l'étranger". Selon Abdelmajid Saad, cité par le journal, en cas d'activités reconnues illégales, les sociétés concernées seraient frappées d'une "amende d'au moins le double" des sommes perdues par les autorités libyennes. Une condamnation affecterait aussi leur capacité à avoir de nouveaux contrats.
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