Les cinq questions clés du scrutin algérien
Quelque 21 millions d'électeurs sont appelés à élire leurs députés jeudi. Parmi les enjeux importants du scrutin, le taux d'abstention et le score des islamistes.
Ils sont appelés à aller voter en masse. Les Algériens élisent, jeudi 10 mai, leurs députés, sur fond de printemps arabe, et alors que le pays fête ses 50 ans d'indépendance. Mercredi, le président Abdelaziz Bouteflika a pressé les quelque 21 millions d'électeurs, surtout les jeunes, à voter alors que nombre d'entre eux ne s'intéressent pas à la politique. FTVi fait le point sur les cinq questions clé du scrutin.
• Combien de candidats à élire ?
Lors de ce scrutin proportionnel à un tour, 24 916 candidats, dont 7 700 femmes, sont en lice. Au total, 44 partis (dont 7 islamistes et 21 nouvelles formations) présentent des candidats. 462 sièges sont en jeu. Soit 73 sièges supplémentaires, l'assemblée sortante comptant 389 députés, dont 59 islamistes.
La future Assemblée algérienne aura notamment la responsabilité d'approuver la nouvelle Constitution soumise par Abdelaziz Bouteflika, qui achève son troisième mandat à la tête de l'Etat en 2014.
• Quelles garanties pour la régularité du scrutin ?
Il se tiendra dans 48 546 bureaux de vote ouverts de 8 heures locales (9 heures à Paris) à 19 heures. En réponse aux accusations de fraudes qui ont entaché les précédentes élections, Abdelaziz Bouteflika a convié quelque 500 observateurs étrangers de l'Union européenne (UE), de l'Organisation de la Conférence islamique, de la Ligue arabe, de l'Union africaine, l'ONU et des ONG américaines. L'UE a demandé que ses 150 observateurs aient accès au fichier électoral national. Alger a répondu par la négative, car ce fichier contient "des informations confidentielles", mais lui a donné accès au fichier par département.
Malgré ces observateurs, de lourds soupçons d'irrégularités pèsent sur ce scrutin. Il y a quelques jours, des contestataires ont dénoncé l'inscription, sur les listes électorales des villes de garnison, de militaires déjà inscrits dans leurs communes d'origine. "Des suffrages doubles qui iront grossir, selon Le Figaro, le score de l'ex-parti unique", le Front de libération nationale (FLN présidentiel).
• Quel taux d'abstention ?
Les résultats sont attendus vendredi, mais la participation devrait être connue dès jeudi soir. Au dernier scrutin de 2007, un taux d'absention record de 64% avait été enregistré, en raison notamment des fraudes constantes depuis l'ouverture du pays au multipartisme en 1989.
Les jeunes sont particulièrement concernés par l'abstention, tout comme les habitants de la Kabylie, place forte de l'opposition en Algérie. Selon Le Monde, "'l'indigné' algérien existe. Sa façon à lui de manifester : il ne vote pas".
• Quel score pour les islamistes ?
C'est l'autre inconnue du scrutin. Les islamistes, dont trois partis sont réunis au sein d'une "Algérie verte", s'affirment tous sûrs de l'emporter. Mais le FLN présidentiel, devenu parti unique en 1962, et qui continue de dominer la vie politique algérienne depuis 1989, devrait rester le plus important, selon son patron Abdelaziz Belkhadem.
Comme le souligne Libération (article payant), "les liens des partis religieux avec le pouvoir les rendent moins populaires que dans les autres pays arabes". Et les dix ans de terrorisme qui ont suivi la victoire, en 1991, du Front islamique de salut (FIS), restent dans les mémoires.
• L'Algérie peut-elle rester à l'écart du "printemps arabe" ?
Après des émeutes et manifestations sociales l'an dernier, le pouvoir algérien a mis en œuvre, en 2011, des réformes pour parer à un Printemps arabe. Grâce à la manne pétrolière, les autorités ont augmenté les salaires des fonctionnaires, distribué des logements, subventionné les prix de l'huile et du sucre... Dans le même temps, des réformes sur la presse, les associations et les femmes ont été votées.
Mais l'opposition de la rue et les syndicats autonomes n'ont pas été associés à ces réformes qui permettront, selon eux, une plus grande mainmise de l'Etat sur le pays. Et sur le plan économique, l'inflation des pris est repartie en mars.
Les autorités sont conscientes qu'un vent de contestation peut souffler à nouveau et misent sur ces élections pour asseoir leur légitimité. Abdelaziz Bouteflika a été jusqu'à comparer ce scrutin aux élections au 1er novembre 1954, date du début de l'insurrection algérienne contre la puissance coloniale. "Il faut se rendre à l'évidence, estime dans Le Monde Mohamed Hennad, maître de conférences à l'Ecole nationale supérieure de sciences politiques d'Alger sont très inquiets quant à leur avenir eu égard aux dégâts qu'ils ont occasionnés au pays."
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