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Le mariage précoce, forme moderne d’esclavage des femmes

Chaque année dans le monde, 15 millions de filles se marient avant leurs 18 ans. Souvent, elles n’ont pas 15 ans, et disent adieu à l’école. Plus d’études mais à la place une maternité qui peut être mortelle. Et surtout, cela signe la fin de toute évolution sociale. Les Nations Unies ont fait de la fin de cette pratique l’une des cibles de leurs objectifs de développement durable.
Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
A Wajir au Kenya, Halima (au centre) a été mariée à l'âge de13 ans avec un homme de 12 ans son aîné. (NICOLAS DELAUNAY / AFP)

«J’ai arrêté l’école quand je me suis mariée», relate l’adolescente. «A cause de la mentalité des gens et de leurs préjugés. Le mariage a eu lieu pendant des vacances scolaires. Je suis tombée enceinte et je ne suis plus jamais retournée en classe.» Le témoignage publié dans le rapport de la Banque Mondiale est sans équivoque.

Dans les pays de la bande sahélo-saharienne, Burkina Faso, Mauritanie, Niger, Tchad et également en Côte d’Ivoire, une campagne est menée pour favoriser l’émancipation des femmes. Un plan de 205 millions de dollars pour suivre l’état de santé des jeunes filles, faciliter leur maintien à l’école et retarder leur mariage. Mais selon l’UNICEF, dans ces mêmes pays, en 2006, plus de 60% des femmes étaient mariées ou en concubinage avant leurs 18 ans.
 
Les raisons qui poussent les parents à marier leurs filles sont multiples. En premier lieu vient la nécessité économique. Une jeune fille est un fardeau dont on se débarrasse par le mariage. Il y a également un aspect sécuritaire. Le mariage met la jeune fille à l’abri des violences, en tout cas celles de  l’extérieur. Car au sein du foyer c’est parfois la même chose.
 
En tout cas, les conséquences d’un mariage précoce peuvent être dévastatrices pour les jeunes filles, qui se retrouvent ainsi privées de la possibilité d’étudier et de gagner leur vie, mais aussi exposées aux risques de complications liés à la grossesse et l’accouchement chez les adolescentes.
 
Copie d'écran du site de la Banque Mondiale. (FTV)

Mais cette union prématurée n’est pas une catastrophe uniquement pour les filles. Les mariages précoces nuisent également aux intérêts économiques du pays. «Mettre fin à cette pratique et aux grossesses adolescentes pourrait réduire d’environ 10 % la fécondité et la croissance de la population»,
annonce le rapport de la Banque Mondiale. A l’échelle internationale, le ralentissement de la croissance démographique représenterait un gain de 500 milliards de dollars par an. Grâce à cela, ajoutent les auteurs du rapport, on observerait fatalement une baisse des risques de mortalité (mère et enfant) et une baisse des retards de croissance. Une économie de 90 milliards de dollars pour les caisses des Etats.
 
La Banque Mondiale en est convaincue. La situation ne peut évoluer favorablement qu’en développant la scolarisation des filles. «Les femmes qui ont suivi un cycle d’enseignement secondaire sont en général en meilleure santé que celles qui n’ont pas fait d’études ; elles sont davantage insérées sur le marché du travail formel et gagnent des salaires supérieurs. Elles se marient moins jeunes, ont moins d’enfants et sont plus capables de s’occuper de la santé et de l’éducation de ces derniers», précise le rapport.

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