La Côte d'Ivoire coupée du monde
Laurent Gbagbo n'a pas encore démissionné de la présidence. Mais les hommes d'Alassane Ouattara semblent bien être les maîtres du pays, ce soir. Ils ont d'ailleurs décrété la fermeture de toutes les frontières du pays - terrestres, maritimes et aériennes. Personne, désormais, n'entre ni ne sort de Côte d'Ivoire.
La porte-parole de Ouattara a également annoncé la mise en place d'un couvre-feu à Abidjan, à compter de ce soir et jusqu'à dimanche matin, de 21h locales à 6h. “Les miliciens de Gbagbo pillent et terrorisent la population. Il faut donc remettre les choses en place, il faut mettre fin à ce désordre”, se justifie Anne Ouloto.
Abidjan semble en effet ce soir hérissée de barrages, tenus par des jeunes pro-Gbagbo. Les habitants, eux, sont restés chez eux, craignant une bataille finale, dans cette métropole d'au moins quatre millions d'habitants.
_ Un peu plus tôt dans la journée, les militaires français de la Force Licorne se sont déployés dans la zone 4, un quartier habité par de nombreux européens. Des pillages y étaient signalés...
Il suffirait d'une étincelle. Tout est prêt. Les forces rebelles sont aux portes de la capitale économiques, prêtes à l'assiéger, jusqu'à temps que Gbagbo se rende.
_ Guillaume Soro, le Premier ministre de Ouattara n'a pas dit autre chose, lui donnant jusqu'à 19h (21h, heure de Paris) pour se rendre. “On espère qu'il le fera, sinon on viendra le chercher là où il est”.
Laurent Gbagbo paraît de plus en plus isolé. Et esseulé. Les défections dans son propre camp ont été nombreuses. Son chef d'état-major, le général Philippe Mangou, l'a quitté ; il s'est réfugié à la résidence de l'ambassadeur d'Afrique du Sud.
_ Les 50.000 policiers et gendarmes l'ont aussi quitté, selon le chef de l'ONU dans le pays. Le fait qu'aucun salaire n'ait été versé à la fin du mois n'est peut-être pas étranger à ces défections massives.
Enfin, dans la soirée, le commandant en chef de l'aéroport d'Abidjan a également fait défection. Lui et sa centaine d'hommes ont remis le contrôle de l'aéroport aux Casques bleus.
Guillaume Gaven, avec agences
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