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La contestation s'étend en Libye

Des manifestants anti-Kadhafi ont réinvesti les rues de Benghazi ce matin, dès l'aube, au lendemain de la dite "journée de colère". Dans cette ville deuxième du pays, au moins dix personnes auraient été tuées hier lors de heurts avec les forces de sécurité. D'autres victimes seraient à déplorer à Al-Baïda. 24 dans tout le pays, estime Human Right Watch. Des chiffres flous qui alimentent la colère des opposants au régime Kadhafi. _ Les comités pro-Kadhafi les menacent d'une riposte "{foudroyante}".
Article rédigé par franceinfo
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Combien de victimes ont fait ces manifestations spontanées en Libye, inspirées par les modèles voisins des révolutions tunisienne et égyptienne ? Les médias et moyens de communication sont sous contrôle. Le bilan est donc impossible à dresser. Mais des informations non vérifiées circulent sur les réseaux sociaux faisant état de 50 morts. L'organisation de défense des droits de l'homme Human Rights Watch estime elle le bilan à au moins 24 tués lors des manifestations d'hier et avant-hier.

Ces chiffres en tout cas n'effraient pas les manifestants prêts à défiler à nouveau. Ils seraient déjà des milliers dans les rues à Benghazi, réputée contestataire. Mais cette vague de fond semble s'étendre dans le pays. Le guide de la Révolution lui reste muet.

Faute d'informations directes dans ce pays où les journalistes ne peuvent pas circuler librement, c'est Human Right Watch qui rapporte des témoignages des heurts des jours précédents. Il est question d'" attaques sauvages des forces de sécurité sur des manifestants
pacifiques". Elles auraient tiré sur la foule, notamment à El-Baïda. Selon l'ONG, le personnel de l'hôpital débordé par l'afflux de blessés par balles aurait réclamé du matériel supplémentaire.

Les seules images qui proviennent de ces manifestations se trouvent sur internet, comme cette vidéo postée hier où l'on voit des protestataires s'attaquant à l'un des symboles du régime, "le petit livre vert" auquel se réfère Kadhafi depuis son accession au pouvoir il y a quatre décennies.

C'est sur internet que s'organise l'opposition libyenne, à l'instar de ses voisines tunisienne et égyptienne. Dans ce pays où les opposants sont passibles de la peine de mort, ceux-ci mènent leur fronde via les réseaux sociaux, depuis l'Europe ou les États-Unis.

Le groupe "Jour de colère" sur Facebook compte ainsi près de 10.000 membres, et un autre appelant à manifester près de 30.000, alors que les inscrits sur le réseau social ne sont que 300.000, selon les statistiques de Socialbakers.

LA RIPOSTE DU RÉGIME KADHAFI

Conséquence troublante de cette absence d'images, les seules photos récentes qui figurent sur les agences tels l'AFP ou Reuters, sont celles des manifestations autorisées, voire téléguidées par le pouvoir. Le gouvernement, selon Human Right Wacht, incite ses partisans à manifester, en envoyant à tous les abonnés du réseau de téléphonie mobile Libyana un SMS appelant "la jeunesse nationaliste" à sortir pour "défendre les symboles nationaux".

A Tripoli, épargné jusqu'alors par les manifestations, le président Kadhafi se serait même offert un bain de foule peu après minuit, selon des images de la télévision nationale.

Conséquence directe de cette situation de crise : l'incertitude pèse sur la tenue du sommet arabe de Bagdad en mars. La Libye a annoncé unilatéralement son report. Mais l'Irak a aussitôt démenti.

Cécile Quéguiner, avec agences

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