L'ONU vote le recours à la force en Libye
ACTUALISE A 1H30 (ajoute changement de tactique libyenne) :
Tirs de joie et manifestations de liesse à Benghazi. Le rebelles libyens fêtent un vote à des milliers de kilomètres de là, au siège de l'ONU, à New-York. Le Conseil de sécurité s'est prononcé peu après 23h30, heure française, pour l'adoption d'une résolution autorisant le recours à la force internationale en Libye. Dix pays, dont la France, la Grande-Bretagne, le Liban et les Etats-Unis, ont voté pour, aucun n'a voté contre, mais cinq se sont abstenus, dont la Chine, la Russie et l'Allemagne. Ces trois pays se sont toujours prononcés contre.
Le texte autorise les pays participants à instaurer une zone d'exclusion aérienne au dessus de la Libye, interdisant à l'aviation du colonel Kadhafi de prendre l'air pour bombarder les positions des insurgés. Les bombardements aériens ont en effet pesé très lourd dans la reprise des villes côtières par les pro-Kadhafi.
Le Conseil a également autorisé “toutes les mesures nécessaires” - ce qui veut dire en langage diplomatique des actions militaires - pour assurer la protection des populations civiles face à l'armée de Mouammar Kadhafi. En revanche, elle n'autorise pas d'occupation militaire au sol.
La Libye a d'abord dénoncé une résolution qui “menace son unité” et qui constitue “un appel aux libyens à s'entretuer”. Puis, fidèle à sa tactique de souffler le chaud et le froid, Tripoli s'est dit prêt à un cessez-le-feu, à condition de pouvoir discuter de sa mise en œuvre. Selon CNN, qui cite Seif al-islam, le fils de Mouammar Kadhafi, le régime aurait même décidé de changer de tactique et de ne plus attaquer Benghazi “pour des raisons humanitaires”. L'armée encerclerait la ville et, s'attendant à un exode massif, serait là “pour les aider à sortir de la ville”.
La France et la Grande-Bretagne et le Liban devraient être les fers de lance de l'opération. Le Canada enverra des avions de chasse. Les Etats-Unis ont écarté toute participation directe, mais seront présents en soutien, tout comme l'Italie, qui mettra ses bases aériennes à dispositions. Plusieurs autres pays arabes ont annoncé qu'ils rejoindraient la coalition anti-Kadhafi, comme le Qatar et les Emirats arabes unis. Cette participation de pays arabes était une condition importante pour les Occidentaux, qui ne souhaitaient pas apparaître comme seuls à s'aligner contre un pays arabe.
Les premières frappes aériennes pourraient avoir lieu très rapidement. Le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, a répété à la tribune de l'ONU qu'il y avait urgence : “C'est une question de jours, c'est peut-être une question d'heures”. De fait, le colonel Kadhafi a annoncé qu'une offensive sur Benghazi serait lancée “dès ce soir”. Et trois explosions et des tirs de DCA ont retenti au dessus de la ville.
Quelques heures plus tôt, une source française avait annoncé que des raids auraient lieu dès le feu vert de l'ONU. Selon certains spécialistes, des moyens aériens français et britanniques ont été mobilisés. Et les avions sont peut-être déjà en vol.
Grégoire Lecalot, avec agences
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.