L'onde de choc de la révolution tunisienne dans le monde arabe
Actualisé à 14h avec immolation en Mauritanie
Tous les mouvements d'opposition aux régimes en place au Proche-Orient et au Maghreb lorgnent depuis vendredi du côté de Tunis. Aux mêmes maux, les mêmes remèdes : la Jordanie a été la première à emboîter le pas aux révoltés tunisiens. Dès vendredi, des manifestations contre la vie chère ont eu lieu dans plusieurs villes et hier 3.000 syndicalistes, islamistes ou membres des partis de gauche ont fait le siège du Parlement à Amman.
La parole se libère dans un monde arabe corseté dans des régimes politiques autoritaires. Le chef de la diplomatie égyptienne Aboul Gheit minimise les craintes d'un effet domino dans sa région : "ce qui se dit sur la possibilité d'une contagion est absurde", affirme-t-il comme sur la défensive. Et pourtant, l'immolation d'un homme au Caire ce matin laisse supposer que le modèle tunisien n'est pas loin. Les ambulances l'ont emmené et on ignore son état. Mais selon l'agence officielle égyptienne Mena, il aurait commis son geste pour protester contre le fait "qu'il n'avait pas reçu de coupons pour acheter du pain pour son restaurant".
Quelques heures plus tard, c'est dans la capitale mauritanienne, Nouakchott, qu'un homme s'est immolé par le feu. Il a arrêté sa voiture devant le Sénat, et a mis le feu. Les policiers présents sur place ont pu l'extraire assez rapidement.
_ Selon des journalistes qu'il avait alertés quelques minutes auparavant pour
les prévenir de son acte, il avait déclaré qu'il entendait agir ainsi parce
qu'il était “mécontent de la situation politique du pays et en colère contre le
régime en place”.
L'Algérie semble avoir été aussi contaminée par le phénomène. Quatre hommes, selon la presse locale, ont tenté de s'immoler ces cinq derniers jours pour dénoncer la pénurie d'emplois et leurs conditions de vie. Des tentatives de suicide spectaculaires à Mostaganem, à Borj Menaïl, à Tébessa et à Jijel. L'un aurait succombé hier à son geste.
Et la colère semble gronder encore ailleurs. Au Koweit, des députés de l'opposition ont salué hier "le courage du peuple tunisien". Au Soudan, Moubarak al-Fadil, l'un des ténors de l'opposition,
a estimé que son pays était "prêt pour un soulèvement populaire". Au Yémen, un millier d'étudiants ont manifesté à Sanaa, appelant les
peuples arabes à se soulever contre leurs dirigeants et scandant: "Tunis de la
liberté, Sanaa te salue mille fois".
En Syrie, un décret présidentiel publié ce matin crée un"Fonds national pour l'aide sociale", "pour venir en aide aux familles les plus démunies", explique la ministre des Affaires sociales. Ce fonds est doté de 250 millions de dollars.
Enfin, au Maroc, c'est la presse qui prévient : "Ce qui s'est passé en Tunisie pèsera sur le Maghreb et le monde arabe. Les
responsables de cette région sont appelés à en tirer les leçons ".
Cécile Quéguiner, avec agences
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